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Intervention de Philippe Vitel

Réunion du 2 février 2011 à 15h00
Débat sur l'otan et les orientations données aux forces armées françaises

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Vitel :

Permettez-moi, en premier lieu d'avoir une pensée pour les femmes et les hommes de toutes les armes qui, en ce moment même, oeuvrent sur les théâtres de crise où nos forces sont engagées et exercent leur mission avec courage, force et détermination au péril de leur vie.

L'Organisation du traité de l'Atlantique nord, ou OTAN, est une organisation civilo-militaire qui a vu le jour le 4 avril 1949 à Washington, suite aux négociations des cinq pays européens signataires du traité de Bruxelles – la Belgique, la France, le Luxembourg, les Pays-Bas et le Royaume-Uni – avec les États-Unis, le Canada et cinq autres pays européens invités à y participer : le Danemark, l'Italie, l'Islande, la Norvège et le Portugal.

L'Alliance avait pour vocation initiale d'assurer la sécurité de l'Occident au lendemain de la seconde guerre mondiale, en prévenant d'éventuels soubresauts d'impérialisme allemand et en luttant contre les ambitions de conquête de l'Union soviétique appuyée par ses satellites du Pacte de Varsovie.

Grâce à ses moyens logistiques, l'OTAN a su, durant la guerre froide « garder les Russes à l'extérieur, les Américains à l'intérieur et les Allemands sous tutelle », comme le souhaitait son secrétaire général d'alors, Hastings Lionel Ismay. Après l'implosion de l'URSS, l'organisation s'est vue confrontée à de nouvelles menaces, notamment les revendications nationalistes dans l'ancien bloc communiste et l'essor du terrorisme international. Alors qu'elle n'a longtemps eu pour tâche que de garantir la défense et la stabilité de la zone euro-atlantique, l'Alliance promeut aujourd'hui des relations élargies de coopération dans le monde.

Les relations entre la France et l'OTAN n'ont pas toujours été consensuelles. Il me semble d'ailleurs intéressant de se pencher quelques instants sur les épisodes les plus marquants de cette saga.

Après le retour au pouvoir de Charles de Gaulle, une crise s'ouvre entre la France, les États-Unis et le Royaume-Uni au sujet de l'OTAN, qui culmine en 1966 avec l'annonce du retrait de la France du commandement intégré. L'opposition socialiste dépose alors une motion de censure contre le gouvernement Pompidou, défendue par Guy Mollet. Maurice Faure déclare : « si chacun de nos alliés se comportait comme vous le faites et prenait les décisions que vous venez de décréter, cela ne signifierait rien d'autre que le retrait de toutes les forces américaines du continent européen. »

Il faudra ensuite attendre la guerre du Golfe pour assister à un embryon de rapprochement franco-américain. Le Président François Mitterrand amorce des négociations avec l'OTAN, mais elles échouent.

En 1993, la France participe pour la première fois à une opération de l'OTAN lors de la guerre en Bosnie.

En 1995, le Président Jacques Chirac amorce à son tour des négociations en vue de la réintégration de la France au commandement intégré. Mais ces négociations échouent encore, Washington refusant de confier le commandement sud de l'OTAN, à Naples, à la France. Mais cette démarche marque le début d'une évolution de la politique française héritée du gaullisme.

Les attentats du 11 septembre 2001 et la déclaration, par le Président George W. Bush, d'une « guerre contre le terrorisme », modifient la donne et font jouer à l'OTAN un nouveau rôle. Elle compte désormais s'engager dans cette guerre atypique, asymétrique, qui n'oppose pas un État à un État, mais un groupe d'États à un réseau hétérogène d'organisations terroristes islamiques, souvent désigné, de façon métonymique, par le nom d'Al-Qaida. Là est aujourd'hui la principale menace contre le monde libre.

Le 1er avril 2009, le Président Nicolas Sarkozy annonce le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN : ce retour s'accompagne de l'attribution à un officier général français d'un grand commandement militaire, mais la France n'intègre pas le comité des plans nucléaires, elle n'intègre que le comité des plans stratégiques.

« Nous sommes de la famille, nous sommes dans la famille. Nous sommes des alliés, nous sommes des amis. Nous avons nos convictions nous voulons être des alliés et des amis debout ». Nicolas Sarkozy, en ce 4 avril 2009, à Strasbourg, défend l'idée que la décision de reprendre toute notre place dans la structure intégrée de l'OTAN permettra à la France de peser davantage en mettant fin à une situation que personne ne comprenait : nous participions à toutes les opérations de l'Alliance, nous étions parmi les principaux contributeurs en troupes mais aussi en financement, et nous nous excluions de la prise de décision stratégique.

Notre indépendance nationale n'est pas remise en cause pour autant puisque les décisions sont prises à l'unanimité. Notre dissuasion nucléaire demeure strictement nationale, et aucun contingent ne sera placé de manière permanente sous commandement allié en temps de paix. L'Europe se retrouve plus forte au sein de l'Alliance par la nomination de généraux français à la tête du commandement suprême allié de la transformation à Norfolk et à celle du commandement de l'état-major de force interarmées à Lisbonne. Cela clarifie notre position entre la défense européenne et le lien transatlantique. La France démontre que nous avons besoin à la fois de l'Alliance atlantique et de l'Europe de la défense, car elles sont complémentaires.

Enfin, le Président de la République insiste sur la nécessité de rénover le concept stratégique de l'OTAN afin « de disposer d'une stratégie pour le XXIe siècle, et pas pour le siècle d'avant. »

Le sommet de Lisbonne réaffirme les tâches fondamentales de l'Alliance atlantique : la défense collective – c'est l'article 5 du traité de l'Atlantique nord ; la gestion de crise par la mise en oeuvre de capacités globales de prévention, d'action, de stabilisation, et de reconstruction ; la sécurité coopérative dont le nouveau champ d'action s'appuie sur le développement de partenariats avec les pays non-membres, en particulier la Russie et les organisations internationales.

Le concept stratégique réaffirme la primauté de la défense par la dissuasion que complète un dispositif de défense antimissile balistique à même de protéger les populations et les territoires de l'Europe. Les cyberattaques, la lutte antiterroriste, la sécurité énergétique sont prises en compte. L'Union européenne y est clairement affichée en tant que partenaire stratégique de l'Alliance atlantique.

Il est, par ailleurs, intéressant de constater que depuis le retour de la France dans la structure intégrée, 600 militaires ont pris leurs fonctions dans les structures militaires de l'OTAN et que le général Abrial, en sa qualité de SACT a été le principal architecte de ce nouveau concept stratégique.

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