Notre objectif est d'abord d'appuyer les États du Sahel afin qu'ils renforcent leurs capacités d'action contre le terrorisme. Il ne s'agit pas de nous substituer à eux ni mettre le doigt dans un engrenage qui ferait du Sahel une nouvelle terre de jihad. Toutefois, lorsque la vie de compatriotes est en danger, l'État n'a d'autre choix que d'intervenir. L'inaction ne serait pas comprise. Nous aurions évidemment souhaité que les choses se terminent autrement, mais nous estimions que nous ne pouvions rester les bras croisés.
La question au Sahel n'est pas seulement une question militaire ou de renseignement, c'est d'abord une question de développement économique. Il est certain que si les populations pouvaient voir leur condition de vie s'améliorer, les groupes terroristes n'y évolueraient pas aussi facilement. Aussi, nous nous efforçons d'impliquer au maximum l'Union européenne sur cette question afin que le Sahel compte parmi les priorités de son action extérieure. En outre, nous cherchons à aider les pays de la région – Mauritanie, Mali, Niger, en particulier – à se doter des moyens militaires et de capacités de renseignement pour faire face à la menace terroriste. Il faut les aider, les motiver, les équiper et les former, pas faire les choses à leur place
Mais, encore une fois, en dernier ressort, lorsque nos intérêts sont directement visés, nous avons le devoir d'agir. La critique a posteriori est aisée, mais qu'aurions-nous entendu si rien n'avait été fait ?
S'agissant de l'affaire d'Arlit, je ne pense pas que nos services se soient laissé dépasser. Ce n'est pas faute d'avoir sensibilisé les uns et les autres, car nos services étaient parfaitement conscients du risque d'enlèvement. Il demeure aujourd'hui et la ministre des affaires étrangères a eu l'occasion de s'exprimer à ce sujet s'agissant notamment des festivals au Mali. Nous disposons d'éléments très précis selon lesquels Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) cherche actuellement à enlever de nouveaux ressortissants occidentaux.
En ce qui concerne l'enlèvement d'Antoine de Léocour et de Vincent Delory nous avons été surpris qu'il intervienne en plein coeur de Niamey, ce qui illustre l'audace croissante des preneurs d'otages.
L'affaire de Renault doit être analysée avec prudence. Je n'ai pas connaissance de fuites en provenance de la DCRI. Il s'agit d'une affirmation formulée par l'avocat d'une partie et qui n'engage que lui. Je rappelle que la DCRI n'a été invitée à se rendre au siège de Renault que le 6 janvier dernier. Pour ma part, j'ai été informé par des dirigeants de l'entreprise le même jour dans l'après-midi. Nous nous sommes alors étonnés d'avoir été informés si tardivement et nous les avons incités à déposer plainte très rapidement, afin que la DCRI puisse agir. Bernard Squarcini a reçu cette même délégation le lundi suivant et leur a tenu le même discours, tout en leur assurant que son service accompagnerait l'entreprise dans sa démarche. Il y travaille donc actuellement, sous l'autorité du parquet.