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Intervention de Françoise Forette

Réunion du 26 janvier 2011 à 10h00
Commission des affaires sociales

Françoise Forette, professeure de médecine interne et de gériatrie à l'université de Paris V :

Les données scientifiques sont ce qu'elles sont !

Les facteurs de risques étant totalement différents, M. Philippe Bas avait souhaité qu'il y ait deux consultations médicales gratuites : une vers 55 ou 60 ans, quand on réfléchit à la cessation d'activité et on recherche les facteurs de risques cardio-vasculaires, une autre à 70 ans, quand il s'agit d'analyser les risques d'entrée dans la dépendance – incontinence, troubles de l'équilibre, troubles cognitifs. L'assurance maladie s'y étant opposée, pour des motifs financiers, il a été fait le choix d'une consultation hybride, vers 60 ans, qui ne répond pas à ces objectifs. Il faudra y réfléchir.

Vous avez beaucoup insisté sur le contrat social et je m'en réjouis car il est à la base des progrès que nous allons faire en matière d'intégration des personnes âgées, dont le problème principal est peut-être la solitude, comme l'a souligné justement Mme Poletti.

Bravo, monsieur Delatte, d'avoir su mettre autour de la même table des acteurs différents – par exemple les responsables de la construction d'une HLM, d'une maison de retraite et d'une crèche – pour mener à bien la magnifique expérience de Saint-Apollinaire. Dans ce remarquable modèle d'intégration, que j'avais essayé en vain de promouvoir lorsque j'étais conseillère de Paris, vivent ensemble cinq générations, dont quelques personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer prises en charge dans des appartements individuels. Il y a également une maison de retraite et une halte garderie, avec des locaux communs où tout le monde se rencontre. Cette expérience, qui n'est pas unique, doit être étudiée avec attention car le principal problème de la dépendance est la perte de l'intégration sociale.

Nous devons porter une attention particulière aux personnes ayant eu un parcours chaotique et réduire l'écart d'espérance de vie entre les différentes catégories sociales. Mais il faut garder à l'esprit que la majorité des personnes vieillissent bien, parce qu'elles ont eu un parcours linéaire, qu'elles ont une bonne constitution et de bons gènes. La dépendance ne touche qu'une petite portion de la population, ce qui est une raison supplémentaire pour mieux nous en occuper. Je ne me prononcerai pas sur la nécessité pour cela de compléter la CMU.

Nous ne disposons d'aucun élément scientifique permettant d'accuser la pollution d'être responsable de nouvelles épidémies. Mais nous pouvons craindre l'apparition d'épidémies virales, à l'instar du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), et le Gouvernement s'y prépare. Quant à l'augmentation des cancers, elle est liée à l'allongement de la vie ; rien ne permet de la lier à la pollution, même si celle-ci est bien sûr un élément défavorable.

Le système japonais d'assurance s'appuie sur une contribution obligatoire à partir de 40 ans pour un coût, il y a quelques années, de 25 euros par mois, réduit de moitié pour les plus pauvres et doublé pour les plus riches. Comme notre assurance maladie, cette assurance est donc fondée sur la solidarité et les prestations sont versées en fonction des besoins. C'est un très bon système, mais le faire débuter à 40 ans ne permet plus aujourd'hui de verser des prestations qui vont jusqu'à 2 000 euros par mois. Je suis pour ma part favorable à une cotisation dès le premier salaire, d'autant que les primes sont ainsi moins élevées, donc accessibles à tous, surtout si elles sont modulées en fonction des revenus. Qui plus est, la prise en charge financière ne serait pas trop lourde en raison du nombre relativement peu élevé – un million environ – de personnes dépendantes par rapport au nombre de cotisants.

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