Je suis convaincue que l'enjeu est à notre portée. Je regrette qu'on nous tienne un discours alarmiste sur le seul aspect financier, car l'urgence est plutôt de décider des politiques que nous voulons mener et des actions que nous voulons engager.
Un dispositif existe déjà, avec l'APA, complétée par la CNSA, et, s'il est imparfait, du moins peut-on partir de là. Etes-vous vraiment persuadé, monsieur Argoud, qu'il faille un nouveau système face à un nouveau risque ?
Pensez-vous par ailleurs comme moi, madame Forette, que c'est en raison de la montée en puissance de l'APA que la diminution de la dépendance a été plus importante que prévue ? La suppression du recours sur succession a pu lever des inhibitions, amener des personnes jusque-là hésitantes à solliciter le soutien de la collectivité. C'est la raison pour laquelle nous sommes résolument favorables à un dispositif de solidarité collective qui n'établisse pas de lien entre les ressources ou le patrimoine d'un individu et les prestations auxquelles il a droit.
Quels besoins sont, selon vous, prioritaires ? Faute d'une culture en la matière, la prévention est insuffisamment reconnue dans notre pays, et pas seulement pour les personnes âgées. D'après une étude récente, les Suédois vivent en bonne santé cinq ans de plus que les Français, toutes catégories sociales confondues. C'est la preuve que des politiques de prévention, d'accompagnement, existent dans certains pays et pas chez nous. Monsieur Ennuyer, préconisez-vous une montée en puissance des dispositifs actuels – aide à domicile, nombre d'heures auprès des personnes, qualité du soutien aux aidants – ou un changement de nature ? On nous dit qu'il est nécessaire de faire plus, mais sans dire clairement si cela signifie des prestations de nature différente ou une montée en puissance financière.