Le don croisé a l'avantage d'être anonyme et gratuit. Le don intrafamilial n'est plus anonyme, mais reste gratuit. Si l'on vous demande de donner un rein à votre enfant, vous ne prendrez que quelques secondes de réflexion. S'il s'agit de votre frère ou de votre soeur, vous y réfléchirez un peu plus, mais vous accepterez le plus souvent. Supposons maintenant qu'il s'agisse de votre cousin : le délai de réflexion sera beaucoup plus long ; peut-être même refuserez-vous.
Je conçois que l'on puisse avoir avec des amis des liens affectifs plus forts qu'avec certains membres de sa famille. Mais ce qui me gêne dans ces amendements, c'est qu'ils s'orientent résolument vers le don entre vifs au détriment du don cadavérique, qui est pourtant préférable du point de vue médical comme du point de vue psychologique.
Nous avions déjà eu ce débat en 2004 : rappelez-vous du cas de cet homme au chômage qui avait donné un rein à son frère et lui reprochait d'avoir mieux réussi que lui dans la vie !
D'autre part, quels critères retenir pour attester de l'existence d'un lien affectif « étroit et stable » ? Autant il me semble que le demi-frère doit être considéré comme un frère, autant élargir le champ des donneurs potentiels au-delà du cercle familial ouvre une brèche dans l'éthique qui a été la nôtre jusqu'ici.
Je suis donc défavorable aux trois amendements. Mieux vaut favoriser le don croisé et le don cadavérique !