Que la cigarette, qui fait encore partie malheureusement de la vie quotidienne, soit présente dans des films, cela ne m'émeut guère. Ce qui me paraît en revanche plus gênant, c'est la complaisance avec laquelle certains réalisateurs filment des paquets de cigarettes.
Ainsi, dans Bienvenue en Suisse, un paquet de Philip Morris jeté par terre est filmé avec insistance ; dans Tout pour plaire, un plan tourné chez un buraliste permet de filmer à plusieurs reprises des paquets de Gauloises blondes parfaitement reconnaissables ; dans Douche froide, plusieurs plans permettent de reconnaître un paquet de Lucky Strike et un paquet de Gauloises, comme d'ailleurs dans le film Les Ambitions, lorsque l'acteur écrit en présence d'un paquet de cigarettes trop visible. Tout cela ne serait qu'absolument fortuit et apporterait une dimension artistique impossible à créer sans exhiber la marque du paquet.
Pourtant, dans Le Couperet, Costa-Gavras laisse apparaître dans un des plans, vers la fin du film, un paquet de cigarettes non identifiable. On peut donc filmer des fumeurs sans complaisance à l'égard d'une marque. Mes chers collègues, nous avons là la possibilité de respecter le droit des créateurs.
Alors que l'OMS vient de réaffirmer, dans sa dernière convention consacrée à la lutte contre le tabac, la nécessité de s'opposer à toute valorisation, sous quelque forme que ce soit, de l'image de la cigarette ; alors que la Commission européenne envisage de durcir encore la lutte contre le tabagisme en s'attaquant au dernier espace de marketing dont disposent les industriels de la mort, c'est-à-dire le paquet lui-même – j'ai d'ailleurs déposé une proposition de loi visant justement à instaurer un paquet neutre, débarrassé de toute possibilité de marketing – ; alors que nous savons qu'aux États-Unis les mêmes industriels ont versé près de 500 000 dollars pour faire figurer dans l'un des films de la série Rocky de Sylvester Stallone un paquet de cigarettes d'une marque très célèbre,…