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Intervention de Serge Orru

Réunion du 19 janvier 2011 à 17h00
Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Serge Orru, directeur général de WWF France :

Notre combat a une issue incertaine, mais il faut croire à l'improbable, à l'image de la Révolution française, de la victoire des Alliés en 1945 ou de la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Formatés jusqu'ici par un monde productiviste et industriel, nous devons intégrer la logique écologique d'une prospérité verte créatrice d'emplois.

Le Grenelle de l'environnement – que nous avons suscité – a représenté un travail considérable, qui a mobilisé beaucoup d'acteurs et amorcé une prise de conscience et une transformation de la société française. Mais il s'agit d'un processus de long terme, qui vise à ce que l'on prenne conscience du vital, non d'un concours de Miss France ou d'une fiction où l'on se marie à la fin… Lors d'un sommet international, un chef d'État a dit « si le climat était une banque, l'Occident l'aurait déjà sauvé » : il avait raison.

On ne peut que regretter que le Gouvernement, après avoir engagé ce travail, n'en ait pas tiré profit et que, sur les 268 mesures concernées, il n'ait globalement pas pris les décrets d'application qui s'imposent : il faut faire vivre le Grenelle de l'environnement dans les territoires.

À côté des échecs des sommets de Copenhague et de Doha, nous avons bénéficié des avancées de ceux de Nagoya et de Cancún, et nous espérons que lors du sommet de Durban, en décembre prochain, nous définirons des objectifs contraignants permettant d'enrayer le péril climatique qui coûte cher au monde, au même titre que les crises sociales ou humanitaires.

Il faut par ailleurs favoriser la conversion des grands corps de l'État au développement durable : en dépit du soutien apporté par certaines personnalités, nous avons du retard dans ce domaine, en termes tant de mentalité, de formation que de culture. Si le corps enseignant fait dans les écoles primaires un travail remarquable de formation écologique, il n'en est pas de même dans les grandes écoles.

Les Français ne comprendront le bilan du Grenelle que lorsqu'ils en sentiront les effets auprès d'eux. Il est inutile de faire de la communication ou de promettre des centaines de milliers d'emplois que l'on n'a pas. Nous sommes certes parvenus à imposer des normes pour les immeubles neufs, mais ils ne concernent qu'une minorité de nos concitoyens, alors que l'habitat ancien constitue un gisement d'emplois considérable. Il faut ainsi créer un cercle vertueux dans de nombreux domaines, comme l'énergie, les transports ou l'alimentation. Si, comme le disait Paul Valéry, « le temps du monde fini commence », notre imagination, notre audace et notre capacité à travailler ensemble doivent être infinies ; l'écologie est aussi un art des relations humaines et, dans une large mesure, une forme de civisme et de respect d'autrui. On ne peut respecter les pandas si l'on ne respecte pas les hommes et les femmes, non seulement ceux qui vivent autour de nous mais aussi ceux qui nous succéderont.

Il faut profiter des sommets du G8, du G20 et du « Rio + 20 » pour que l'Europe fasse valoir sa voix, au-delà de la législation qu'elle a adoptée, car elle ne pèse pas aujourd'hui dans les négociations internationales. Il serait souhaitable que le Président de la République insiste, avec la Chancelière allemande et le Premier ministre britannique, sur l'objectif de réduire de 30 % les émissions de gaz à effet de serre : ce serait un signal très important avant le sommet de Durban. De même les chefs d'État ne devraient pas tolérer que M. Barroso fasse ce qu'il veut en matière d'organismes génétiquement modifiés. Pour notre part, nous sommes pour une Europe sans OGM en plein champ, sans pour autant être hostiles à la recherche sous serre.

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