Pour nos besoins en industries, en routes, en logements, etc. nous dévorons tous les dix ans l'équivalent d'un département français ! Comment ne pas s'inquiéter que nous soyons de la sorte le pays européen le plus vorace en espaces naturels ?
Nous sommes très attentifs à tout ce qui a trait à l'agriculture et bien sûr favorables à l'agriculture biologique. Nous souhaitons vivement que le sort de nos agriculteurs s'améliore : c'est un monde qui souffre trop, qui disparaît. Pour nous, il n'y a pas d'un côté les bons paysans, qui font du bio, et de l'autre les mauvais. Nous appelons de nos voeux une autre agriculture. Dire oui au bio dans ma cantine ne relève pas simplement de l'incantation sympathique pour que seuls nos enfants aient dans leurs assiettes des denrées alimentaires issues de l'agriculture biologique. Nous savons très bien qu'il faut restructurer les filières agricoles, que le besoin de formation des cuisiniers et des économes est immense dans l'ensemble de la restauration collective, qui délivre chaque jour des millions de repas. Mais nous disons aussi « oui au bio » dans la cuisine de chaque Français ! Nous souhaitons par ailleurs que les maires réservent du foncier à l'agriculture biologique et que le Gouvernement aide davantage les agriculteurs qui souhaitent se convertir au bio. Ce n'est certes pas en réduisant les aides que l'on délivre un bon message en faveur du développement de cette agriculture.
Nous avons envie d'une transformation de notre société, d'une métamorphose de notre économie et nous savons bien que cela ne se fera pas en claquant des doigts ni même en manifestant. Pour autant, nous savons aussi exercer une pression et nous pouvons même faire du mal… Mais on en fait aussi, non pas à nous personnellement, mais à la planète ! Pour autant, nous ne nous considérons pas comme propriétaires de celle-ci : nous sommes une ONG et l'environnement ne nous appartient pas ! Notre travail, c'est l'éducation à l'environnement, la sensibilisation non pas uniquement des jeunes générations mais aussi des grands corps de l'État. Nous savons très bien combien de députés et de sénateurs, à gauche comme à droite, sont très sensibles à l'environnement, combien de ministres le sont également. Nous faisons de la politique, mais nous ne sommes pas partisans ! Vous ne m'entendrez jamais émettre d'opinions personnelles : même si elles peuvent transparaître ici ou là, ce sont simplement la passion des autres et la passion de la planète qui nous animent.
Il est vrai que Luc Hoffmann est l'héritier d'Hoffmann-Laroche. Mais si tous les héritiers se comportaient comme lui, le monde se porterait autrement ! À l'encontre de la vocation familiale, il a décidé de ne pas être chimiste mais ornithologue. Peut-être n'est-il pas inutile de vous dire comment s'est créé le WWF il y a un peu plus de 50 ans. Quatre Anglo-Saxons voulaient préserver en Espagne, qui était alors sous le régime franquiste, une zone humide appartenant à trois propriétaires terriens, ce qui était aussi complexe qu'en Corse ou dans les Pyrénées... Ils se sont tournés vers Luc Hoffmann parce qu'ils savaient qu'il disposait de fonds mais aussi parce qu'ils connaissaient sa grande capacité de conviction. Il a accepté de négocier avec les propriétaires terriens et avec le régime franquiste, et il est arrivé à ses fins. Il a simplement posé comme condition que ces quatre Anglo-Saxons créent une organisation non gouvernementale internationale. Gloire à lui d'avoir eu une telle vision il y a 50 ans, quand bien même son père était un chimiste et lui l'héritier d'Hoffmann-Laroche. N'y a-t-il pas, monsieur Lassalle, dans votre circonscription des sites Seveso que vous avez défendus avec la passion et l'honneur qui vous caractérisent ?
Pour notre part, je le répète, créer de la richesse et la répartir équitablement, sans détruire la biodiversité, quel est notre seul credo !