Dans une autre ville que Paris au moins, monsieur Cerutti, on peut voir en même temps trois expositions de peintres majeurs ; cette ville est Bâle. Comme vous le savez, Art Basel a supplanté la FIAC. N'est-ce pas la typiquement française culpabilisation des collectionneurs qui a conduit à cela ? En France, l'art contemporain est considéré comme destiné à une élite. La législation doit tendre à attirer et à encourager les amateurs ; aussi longtemps que nous ne ferons pas des efforts en ce sens, nous aurons en France des visiteurs mais pas d'acheteurs. Il existe dans notre pays une multitude de lieux d'exposition d'art contemporain mais, parce qu'ils sont considérés comme une source de dépense au profit d'une élite, ils ne sont pas soutenus. Je puis en témoigner pour avoir demandé une aide de fonctionnement à la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) après avoir ouvert dans la ville dont je suis le maire – Saint-Louis, ville jumelle de Bâle – un musée d'art contemporain dessiné par l'architecte Jean-Michel Wilmotte dans une ancienne distillerie, et m'être entendu proposer une petite participation au financement d'un salaire, assortie de conditions drastiques, notamment le choix par la DRAC du salarié en question. Que l'on sache s'ouvrir sur le monde, et Paris retrouvera dans le marché international de l'art la place qu'il n'aurait jamais dû perdre !