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Intervention de Bernard Accoyer

Réunion du 18 janvier 2011 à 15h00
Éloge funèbre de gabriel biancheri

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBernard Accoyer, président :

Madame, monsieur le ministre chargé des relations avec le Parlement, mes chers collègues, dans la nuit du 28 au 29 décembre, Gabriel Biancheri nous a quittés.

C'est avec une grande tristesse que nous avons appris sa mort, au terme d'un dernier et très dur combat contre la maladie, un mal qu'il a affronté en toute lucidité, avec un courage qui a forcé l'admiration de tous. Ce même courage, il en a fait preuve, il est vrai, tout au long de sa vie.

À Hauterives, sa commune, dans son canton du Grand-Serre, dans la Drôme, son département, l'hommage unanime qui lui est rendu est éloquent. C'est à sa juste mesure qu'il était aimé et qu'il était estimé de tous.

Avec Gabriel Biancheri, l'Assemblée nationale et la nation ont perdu l'un de leurs fidèles serviteurs.

Il laisse l'empreinte d'un homme droit et juste, toujours au service de l'intérêt général, un homme de convictions, toujours prêt à défendre ce en quoi il croyait : une certaine idée de la France, une certaine idée de la politique aussi, faite d'attention et de souci pour les autres.

C'est par la volonté qu'il mettait en oeuvre en toute chose, par sa force, grande mais discrète, qu'il a construit son destin.

Gabriel Biancheri, c'étaient d'abord les terres de la Drôme des collines, auxquelles il était si profondément attaché. Élu municipal depuis trente-trois ans, maire de Hauterives depuis 1983, conseiller général du Grand-Serre depuis 1982, puis premier vice-président du conseil général jusqu'en 2002, conseiller régional de Rhône-Alpes de 1992 à 2001, Gabriel Biancheri avait l'engagement ancien : celui de l'idéal gaulliste avec lequel il n'a jamais transigé.

Au Palais Bourbon, il a su gagner l'estime de tous, bien au-delà de sa famille politique, par son assiduité, sa rigueur, sa cordialité simple et généreuse.

Élu député de la 4e circonscription de la Drôme en 2002, réélu en 2007, il a exercé son mandat de député de la nation comme il avait exercé cette belle et si exigeante profession de vétérinaire rural : de tout son être, avec sa modestie et sa droiture naturelles.

Son combat fut celui de « ce cher monde de la Terre », celui d'une ruralité qui puise, comme il le disait lui-même, le meilleur de ses atouts dans la vitalité de ses habitants, dans la qualité de leur travail, dans la richesse de son patrimoine naturel. L'immense succès populaire du Palais idéal du facteur Cheval témoigne de l'efficacité de son engagement visionnaire.

Les combats, il les multipliait. Aux côtés du conseil général, le scientifique et l'élu Gabriel Biancheri s'était investi pour la création d'un pôle d'écotoxicologie et de toxicologie environnementale de portée nationale à Rovaltain.

Le député, l'homme d'action, avait tout fait pour le développement d'une plateforme de reconversion pour contrer les conséquences sociales de la crise de la chaussure dans l'agglomération de Romans.

À l'Assemblée nationale, Gabriel Biancheri s'est consacré aux questions agricoles, à l'élevage, à la sécurité sanitaire, à la défense du commerce de proximité.

Mobilisé dans la lutte contre la Sharka, une maladie des végétaux particulièrement dévastatrice, il a su sensibiliser tous les ministres de l'agriculture successifs à ses effets ravageurs sur l'arboriculture fruitière française. Devenu une référence incontestée, il apporta son expertise d'élu de terrain à nos collègues de la commission des affaires économiques, que présidait alors Patrick Ollier, aujourd'hui ministre des relations avec le Parlement.

Présidant le groupe d'études sur les minéraux, Gabriel Biancheri s'est passionné, avec une rare implication, pour sa vice-présidence des groupes d'études sur le Tibet et sur l'Arctique.

Sensibilisé aux phénomènes du réchauffement climatique, au handicap, il avait récemment participé à une expédition polaire, au Groenland, accompagné de scientifiques et de handicapés : « une grande expérience d'humanité et d'humilité », selon ses propres mots. Cette aventure est à l'image de celui qui, tout au long de son existence, a placé la fraternité au coeur de la trilogie républicaine, au coeur de sa vie.

« Avec des amis à ses côtés, aucune route ne semble trop longue » : ce credo, il en avait fait sa devise. La route que nous avons eu le bonheur et l'honneur de partager avec lui fut trop brève.

Gabriel Biancheri a servi la République avec loyauté et constance. Il laisse, dans nos coeurs et nos mémoires, une trace qui a valeur d'exemple, celui du courage, de l'engagement, de la dignité. Nous nous en souviendrons.

À vous, madame, qui, avec ses enfants, Stéphane et Christophe, l'avez si bien entouré, à ses collègues du groupe UMP, j'adresse, au nom de l'Assemblée nationale et en mon nom personnel, mes condoléances attristées.

La parole est à M. Patrick Ollier, ministre chargé des relations avec le Parlement.

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