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Intervention de Fabrice Didier

Réunion du 22 décembre 2010 à 10h00
Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Fabrice Didier, directeur général de Saint-Gobain Solar :

Saint-Gobain Solar, entité créée en 2009, travaille sur la chaîne de valeur du photovoltaïque. La présence de Saint-Gobain dans l'énergie solaire répond à une logique de métier, puisque ce secteur utilise des matériaux technologiques dans lesquels nous sommes spécialisés. Elle répond aussi à une logique de marché. Nous considérons qu'à terme le photovoltaïque deviendra un élément de construction qui participera à l'efficacité énergétique des bâtiments. Or nous sommes le leader mondial des matériaux de construction.

Notre activité se compose de trois métiers.

Le premier nous a fait entrer dans le solaire à notre insu. Pendant des années, nous avons fait du photovoltaïque comme M. Jourdain de la prose, sans le savoir. Nous fournissions à cette industrie des matériaux : du verre, dont l'avant des panneaux est constitué à plus de 98 %, des plastiques d'encapsulation et d'étanchéification, et des matériaux consommables qui entrent dans la chaîne de fabrication du silicium. Ainsi, pour couper les lingots en plaquettes, on utilise un matériau de sciage spécial qui comprend des grains en carbure de silicium. Dans ce domaine, nous représentons 30 % du marché mondial. C'est un exemple parmi d'autres de l'activité de Saint-Gobain Solar Components.

Notre deuxième métier consiste à fabriquer des modules, domaine dans lequel nous avons décidé d'entrer en 2005. Constatant que la chaîne de valeur du silicium cristallin était majoritairement dans le domaine public et que les capacités de différenciation seraient réduites pour une industrie ouest-européenne, nous avons investi dans une technologie de couches minces, où l'on distingue trois activités. La première, à laquelle se consacre First Solar, concerne le tellurure de cadmium ; la deuxième, le silicium en couche mince ; la troisième, plus futuriste, le cuivre indium gallium et sélénium (CIGS). Si celle-ci constitue une part plus faible de la production mondiale, elle offre le meilleur potentiel de réduction des coûts. Nous avons investi dans cette technologie après avoir constaté que la courbe des coûts de production converge dans un horizon très proche vers 0,5 euro par watt en sortie d'usine. Des trois technologies, elle a le plus haut rendement, du fait qu'elle combine les bas coûts des couches minces et la haute efficacité du silicium cristallin.

J'en viens à notre troisième métier. Compte tenu de l'importance d'être présent sur la totalité d'une chaîne de valeur non consolidée et très fluctuante, nous avons créé une entité intitulée Saint-Gobain Solar Systems, dont le but est de vendre clé en main des systèmes photovoltaïques complets. Celle-ci s'adresse non aux utilisateurs, mais aux couvreurs ou à des réseaux de distribution spécialisés, que nous fournissons tant en modules qu'en matériels électriques, en câbles et en matériel de montage. Si nous ne vendons pas de matériels pour les fermes au sol, nous commercialisons des matériels en liaison avec des bâtiments, et nous déployons une activité de R&D intense pour développer des solutions intégrées au bâti qui répondent à des critères de prix, d'efficacité énergétique et d'esthétique.

Le chiffre d'affaires de Saint-Gobain Solar, qui a doublé en douze mois, atteint environ 300 millions d'euros, pour un objectif annoncé de 2 milliards d'euros avant 2015. La société représente 1 % du chiffre d'affaires du groupe Saint-Gobain, mais nettement plus de 10 % des investissements prévus l'an prochain. Sur un total de 1 000 personnes, 150 sont employées en France, dont une centaine en R&D et une cinquantaine dans les réseaux de distribution. À ce jour, nous avons encore trop peu d'activité industrielle dans notre pays.

Nous considérons le photovoltaïque comme un élément d'efficacité énergétique des bâtiments, sans le réduire pour autant à cette dimension. Nous croyons à la parité réseau, convaincus que les prix des systèmes photovoltaïques continueront à baisser pour produire, sous nos latitudes et à un horizon relativement proche, un courant d'un coût comparable à celui issu d'énergie fossile ou nucléaire. Pour ce faire, il faut être capable de produire un module aux alentours de 0,5 euro par watt en sortie d'usine, ce que notre technologie devrait permettre. C'est pourquoi nous avons investi massivement. Une première usine fonctionne déjà en Allemagne. Une autre ouvrira en 2011. Une troisième, située en Corée, sera opérationnelle courant 2012. Chaque usine, qui représente un investissement de 120 millions, emploie 200 personnes. Notre dossier France est prêt. Nous aimerions investir dans notre pays.

Nous cherchons depuis longtemps le moyen de sortir de la subvention, car nous croyons à la parité réseau. Celle-ci atteinte, il semble vertueux de passer à la norme, c'est-à-dire d'imposer que tout bâtiment neuf ait un toit photovoltaïque. En France, 500 000 bâtiments à 3 kilowatts par toit représenteraient un marché national de 1,5 gigawatt. Le passage progressif du tarif de rachat à la norme devra être suivi d'une évolution vers la notion de bâtiment à énergie positive. Nous imaginons volontiers qu'il faille ensuite consommer ou stocker l'énergie sur place, de façon à ne pas surcharger le réseau. In fine, le bâtiment autonome en électricité nous semble l'objectif le plus intéressant du travail sur la chaîne de valeur du photovoltaïque.

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