Je voudrais dire à l'honorable délégué de la Finlande, M. Markku Laukkanen, que la question des bibliothèques publiques est un sujet brûlant. L'UNESCO s'efforce de promouvoir la lecture, l'industrie éditoriale et la protection de la propriété intellectuelle à travers le droit d'auteur. C'est pourquoi elle a institué la journée du 23 avril comme Journée mondiale du livre et du droit d'auteur, en espérant que cela suscitera le désir de lire et ensuite le plaisir de fréquenter les bibliothèques. Nous travaillons étroitement avec la Fédération internationale des associations et institutions des bibliothécaires (IFLA).
Votre suggestion de transformer ces lieux en de multiples espaces, présentant des expositions de calligraphie, de miniatures, etc., est une excellente idée. Pour l'UNESCO, le livre est considéré comme un objet matériel et immatériel : matériel en tant qu'objet d'art. Nous chérissons encore cet objet en tant qu'objet artistique. Et puis comme un patrimoine immatériel, par le contenu qu'il véhicule. Tout cela relève, bien entendu, de l'éducation artistique.
Je profite du temps qui m'est accordé pour répondre à Mme Andreja Rihter sur l'enseignement de l'histoire. L'UNESCO, considérant la culture comme prise de conscience, revisite l'histoire à travers une série d'ouvrages collectifs dont l'ambition est de transcender les histoires nationales pour étudier des aires de civilisation plus vastes (Histoire de l'humanité ;Histoire générale de l'Afrique ;Histoire des civilisations de l'Asie centrale;Histoire générale de l'Amérique latine ;Les différents aspects de la culture islamique ;Histoire générale des Caraïbes ). En effet, la mémoire du monde n'est pas seulement composée de rois et de héros, de batailles et de conquêtes, de grandes cathédrales et de réalisations monumentales. Dans le cadre élargi dans lequel elle s'inscrit, la longue durée prend tout son sens et permet d'appréhender dans leur globalité l'évolution des sociétés, l'épanouissement des cultures, les grands courants d'échanges, les rapports avec les autres parties du monde. Sur cette base, nous sommes en train d'élaborer des outils pédagogiques en commençant par l'Histoire générale de l'Afrique.
L'UNESCO élabore actuellement également un projet appelé Vademecum interculturel qui se rapproche de l'esprit du kit de survie « culture » évoqué par Mme Graham. Cet outil pédagogique, diffusé sur supports imprimé et électronique, présente de manière simple et stimulante une vision interculturelle de l'histoire qui unit le monde arabo-musulman et le monde occidental. Un accent particulier est mis sur la nécessité de reconnaître les interactions intenses entre toutes les rives de la Méditerranée, sans oublier les affiliations qui les relient avec des cultures plus lointaines comme celles de l'Inde, de la Perse, de l'Arabie et de l'Afrique. Être honnêtes intellectuellement parlant, c'est penser interculturellement, sans être relativistes. Il y a tant de choses qui viennent « d'ailleurs » et cet « ailleurs » doit être chéri et mis en valeur comme dans le programme « Vivre ensemble », que Mme Salmet nous a présenté.
Il y a actuellement une effervescence de la réflexion qui dépasse les structures traditionnelles, surtout celles de l'école, sachant que l'éducation informelle prend plus de la moitié du temps des élèves. Faisons en sorte qu'un véritable contenu pluriel vogue sur les ondes et que ce contenu soit représentatif d'une véritable diversité, non exclusif et non fondamentaliste mais ouvert au dialogue. Réunissons nos efforts pour que nous soyons en phase avec les exigences de notre temps. Les parlementaires seront nos meilleurs relais pour que de tels projets deviennent réalité.