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Intervention de Pierre-Alain Muet

Réunion du 27 mars 2008 à 9h30
Débat sur la situation économique sociale et financière de la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Alain Muet :

Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, nous avons affaire à deux crises, une crise financière internationale et une crise nationale. Elles sont différentes mais ont un point commun : ce sont des crises de confiance.

Les crises financières sont un éternel recommencement et ont souvent des origines différentes – pour la crise actuelle, ce sont les crédits immobiliers ; pour la précédente, c'étaient les valeurs de la nouvelle économie –, mais elles ont toujours le même déroulement. Une phase d'emballement et d'endettement est suivie d'un effondrement des actifs, qui se traduit en général par une crise bancaire, laquelle risque de se diffuser à l'ensemble du système des paiements.

Nous avons affaire à une crise particulièrement grave pour deux raisons. D'abord, parce que la globalisation financière s'est développée depuis dix ans et qu'en raison de l'interdépendance des banques, une crise se diffuse désormais très rapidement du pays où elle apparaît aux autres. Ensuite, le phénomène de la titrisation a disséminé le risque avec la vente de « paquets » de créances sur les marchés financiers. Aujourd'hui, personne ne sait où est le risque et personne ne connaît son étendue : toutes les banques le portent, et dès qu'une défaillance se produit, dans le monde entier, l'ensemble du système bancaire est en crise de liquidité.

Cette crise est forte et appelle une régulation publique. Je voudrais mentionner quatre mesures qui, à ce titre, me paraissent importantes. Il faut tout d'abord élargir le périmètre des institutions soumises à la réglementation bancaire à l'échelle du monde. En effet, les institutions de crédit qui sont à l'origine de cette crise, comme de la précédente, ne sont en général pas régulées. Il faut, en second lieu, appliquer rapidement les accords de Bâle II pour éviter que la titrisation sorte complètement du bilan des banques, pratique qui est à l'origine de la situation actuelle. Les États-Unis doivent également appliquer cet accord, et l'Europe a un rôle à jouer à cet égard. Troisièmement, les banques émettrices d'un crédit initial doivent être dans l'obligation d'en porter l'essentiel du risque : ce n'est pas le cas avec la titrisation. Enfin, il faut réintroduire la distinction essentielle entre banque d'affaires et banque de détail, dont les activités doivent être séparées.

Cette crise est aussi une crise nationale. Même si la crise immobilière en Europe est plus faible qu'aux États-Unis, la France n'est pas à l'abri de la crise financière. Pour faire face à une crise internationale, la condition majeure, essentielle, fondamentale, c'est d'avoir créé chez soi la confiance. Or le problème de notre pays aujourd'hui, c'est que non seulement vous n'avez pas su créer la confiance, mais que vous avez dilapidé celle qui existait. Le principal responsable de la faible croissance française n'est pas la crise financière mais votre politique économique. Je n'en veux pour preuve que les chiffres de l'année 2007 : dans la plupart des pays, la crise financière n'a eu aucun impact sur la croissance de 2007 – il était encore trop tôt – pourtant en France, la croissance s'élève à 1,9 % alors qu'elle est de 2,6 % en Europe. Ce point d'écart ne s'explique pas par la crise financière, mais par l'inefficacité de votre politique économique.

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