Écoutez le ministre, mes chers collègues : le rapprochement fiscal entre la France et l'Allemagne avance ! Bien entendu, tout cela se réglera sur le pont de Kehl.
Les impôts sur le patrimoine, sur les successions, ainsi que la taxation sur la bière, qu'il faudra créer, seront-ils donc prochainement levés au profit des seules régions ? Le Président de la République a, comme d'habitude, parlé sans avoir réfléchi. Il est vrai qu'il a besoin d'attrape-nigauds pour occuper le devant de la scène ; ce rapprochement fiscal entre l'Allemagne et la France en est un.
Tout d'abord, il existe une différence essentielle entre nos deux pays : l'Allemagne a préservé la base industrielle que vous, vous bazardez. Chez Daimler-Benz ou chez Volkswagen, lorsque les commandes diminuent, on ne licencie pas, contrairement à M. Ghosn, l'Attila de l'automobile, qui, en même temps qu'il empoche ses 8 millions de salaires, supprime des emplois.
Ensuite, n'oublions pas que le modèle allemand produit aussi des dégâts sociaux. Ainsi, les soupes populaires que l'on voit aujourd'hui à Berlin rappellent les arrière-cours des années vingt, et l'on sait comment cela s'est terminé. Les classes moyennes ne sont pas épargnées : pour elles aussi, c'est la stagnation, voire la baisse des salaires. Au cours de la période 1999-2007, le coût unitaire de la main-d'oeuvre a crû de moins de 2 % en Allemagne, alors qu'il a augmenté de 28 à 31 % en Grèce, en Irlande, au Portugal et en Espagne et de 17 % en France.
Enfin, le marché intérieur reste atone et, à long terme, la stratégie allemande, axée quasi exclusivement sur les exportations, ne peut fonctionner que si tous ses partenaires, dont la France, continuent de creuser leurs déficits commerciaux.
Monsieur le ministre, Noël approche, et je suis certain que, si vous n'avez pas écrit de lettre au Père Noël, en revanche, vous lisez très attentivement celles que vous envoient mamie Liliane, M. Afflelou et quelques autres, qui attendent leurs cadeaux avec gourmandise. Pour vous inciter à la sagesse, je veux vous rappeler quelques paroles fortes.
Le 21 novembre 1979, Jean-Paul II, qui n'était pas un gauchiste, déclarait, dans une homélie prononcée au Yankee stadium de New York : « Ne laissez pas aux pauvres que les miettes du festin. » C'est pourtant ce que vous faites, vous ! Romain Rolland écrivait, quant à lui, dans Le Buisson ardent : « Tout homme qui possède plus qu'il n'est nécessaire à sa vie, à la vie des siens et au développement normal de son intelligence est un voleur. » Monsieur le ministre, vous qui croyez en certaines opinions, vous devriez méditer cette phrase de Jean Rostand : « La persistance d'une opinion ne prouve rien en sa faveur. Il y a encore des astrologues. » Enfin, permettez-moi de conclure en citant ce mot d'Einstein, qui me semble bien s'appliquer à vous et à mes collègues de l'UMP : « Un préjugé est plus difficile à casser qu'un atome. » (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC.)