Nos parents ont seulement eu recours à une technique médicale. Cela n'a rien à voir avec une quelconque « biologisation ».
Je ne me pose pas la question du risque d'inceste. Je sais qu'elle en taraude d'autres, comme l'idée de croiser son donneur dans la rue. C'est quelque chose à quoi je n'ai jamais pensé. Il y a plus d'enfants conçus naturellement au cours d'une relation adultère que d'enfants conçus par don ! Il y a derrière tout cela beaucoup de fantasmes.
L'important, c'est de prendre le temps du dialogue avec les parents et de les accompagner. L'annonce à un enfant de son mode de conception n'est jamais évidente. Je dois avouer que même pour moi qui aujourd'hui le vis sereinement, cela n'a pas été facile. J'ai eu divers fantasmes comme celui que mes parents n'avaient jamais eu de relations sexuelles. Chaque cas est unique et on ne pourra jamais faire que du « cas par cas ».
Nous qui sommes invités ici sommes privilégiés car nous avons été informés de notre mode de conception. Quid de tous ceux qui l'ignorent ? Quid aussi de tous ceux qui en ont été informés mais se moquent de cette question de l'anonymat ou non du don – c'est le cas, je l'ai dit, de mon petit frère ? Le plus important est de parvenir à vivre sereinement sans demeurer prisonnier de notre mode de conception. Je voudrais témoigner que c'est possible.