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Intervention de Audrey Gauvin

Réunion du 15 décembre 2010 à 14h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la bioéthique

Audrey Gauvin, membre de l'association Procréation médicalement anonyme :

Vous ne connaissez pas notre histoire.

Vous classez les enfants conçus avec don en deux catégories, ceux qui vont bien et ceux qui iraient mal. J'imagine que vous nous classez dans la seconde. Vous préférez attaquer nos parents plutôt que de reconnaître votre responsabilité car c'est bien vous qui avez créé les conditions du secret. Lorsque mes parents se sont adressés dans un CECOS au professeur Albert Netter, on leur a accordé un rendez-vous d'une demi-heure où on leur a dit de ne pas avoir peur, qu'on ferait en sorte que le donneur ait les mêmes caractéristiques physiques que le père, comme si l'acte qu'on leur proposait pouvait susciter une réprobation morale. Dès lors que l'institution médicale proposait un appariement, alors même que nos parents ne le demandaient pas, elle créait les conditions du secret.

Chacun s'accorde maintenant à considérer qu'il ne faut pas garder le secret. Mais il est difficile et frustrant pour les parents de révéler à un enfant son mode de conception sans pouvoir lui en dire plus. Dès lors que nous savons que nous avons été conçus par don, nous ne pouvons que nous interroger par exemple sur d'éventuels demi-frères ou demi-soeurs.

Nous aimons nos parents. Ils en sont si sûrs qu'ils soutiennent notre combat. Nous ne sommes pas en recherche d'un père. Que le donneur n'ait pas eu un projet d'enfant, tant mieux ! Car pour ce qui me concerne, je n'ai pas le projet d'avoir un nouveau père. Le mien me convient et je l'aime.

La levée de l'anonymat pourrait-elle faire baisser les dons ? Ce n'est pas ce que l'on a constaté en Grande-Bretagne ni dans d'autres pays. En Grande-Bretagne, le nombre de donneurs de sperme était de 346 en 1992. Il n'était plus que de 251 en 2005, année de levée de l'anonymat, mais il était déjà tombé à 224 l'année précédente. Et en 2008, il était remonté à 396, supérieur donc à ce qu'il était en 1992.

Si la levée de l'anonymat n'a pas diminué les dons, elle a en revanche modifié le profil psychologique des donneurs. Ils sont en général plus âgés, ont des enfants eux-mêmes plus âgés, et disent effectuer par leur don un geste solidaire, citoyen et responsable.

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