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Intervention de Jérôme Cahuzac

Réunion du 27 mars 2008 à 9h30
Débat sur la situation économique sociale et financière de la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJérôme Cahuzac :

Messieurs les ministres, avant les élections municipales, vous avez refusé que ce débat ait lieu dans l'hémicycle. Il a néanmoins eu lieu dans chacune de nos municipalités et dans chacun des cantons renouvelables du pays. Avant les municipales, vous avez refusé d'apporter des réponses aux questions que vient de poser à nouveau le président de la commission des finances. Ce faisant, vous avez transformé chacun des candidats qui se présentaient sous vos couleurs, à condition d'ailleurs qu'ils aient le courage de le faire – bien peu l'eurent ! (Rires sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche) – en comptable des politiques publiques menées maintenant depuis dix mois avec le résultat que l'on sait. En effet, si naturellement ces élections municipales ont d'abord et avant tout un enjeu local, il me paraît difficile d'accepter la phrase du Premier ministre au soir du deuxième tour, estimant malvenue – ce sont ses termes – toute interprétation nationale de ce scrutin. Strasbourg, Reims, Rouen, Toulouse, Caen, Saint-Étienne sont autant de villes qui étaient dirigées par des gens compétents, évidemment sincères, dont on a du mal à imaginer qu'ils aient à ce point mal géré leur commune ou leur canton qu'ils aient tous mérité, uniquement pour des raisons locales, de connaître la défaite qu'ils viennent de subir.

En réalité, après avoir refusé de débattre avec nous, après avoir refusé de voir que ces élections avaient aussi un enjeu national, vous avez décidé, parce que cela vous convenait, d'abandonner vos amis en expliquant que la défaite qu'ils venaient de subir n'était due qu'à eux, et à eux seuls, et en aucun cas à vous, quand le tort de ces hommes et de ces femmes, dont beaucoup n'avaient évidemment pas démérité, fut finalement d'abord de vous faire confiance et, pour celles et ceux qui sont parlementaires, d'avoir voté les textes que vous leur présentez, messieurs les ministres, depuis maintenant un peu moins de dix mois. Nous pourrons au moins nous accorder sur ce point : l'année 2008 ne sera pas celle que vous nous aviez annoncée ! Le budget de cette année sera naturellement exécuté dans des conditions différentes de celles qui étaient prévues – on le sait depuis longtemps ! Je sais que rappeler ces paramètres soulève parfois chez vous, monsieur le ministre du budget, quelques interrogations. Néanmoins, quand on se trompe à ce point sur la parité entre l'euro et le dollar, sur le prix du baril, sur ce que sera le niveau de l'inflation cette année, il est peu étonnant que le budget qui fut voté il y a de cela quelques mois à peine soit d'ores et déjà obsolète et que la seule question qui vaille le concernant est la suivante : quand nous présenterez-vous une loi de finances rectificative qui tiendra compte de la réalité et non pas de vos rêves et de vos illusions auxquelles, même sur les bancs de droite, bien peu croient encore ?

Ce budget ne sera pas celui que vous espériez, notamment à cause d'une croissance à venir qui n'est pas celle que vous nous aviez annoncée. J'ai encore en mémoire vos déclarations, monsieur le ministre, ainsi que celles du Premier ministre et de Mme Lagarde, nous indiquant que la croissance se situerait entre 2 % et 2,5 % avec probablement un point moyen à 2,25 %, dans un effort de pondération rigoureux sur le plan mathématique mais peu réaliste sur celui de l'économie. En fait, comme vient de l'indiquer le président de la commission des finances, le FMI annonce 1,5 %, l'OCDE plutôt 1,7 %, et même le Premier ministre, qui plutôt que d'informer le Parlement s'adresse aux Français par voie d'interview, annonce davantage 1,8 % que 2,25 %. Cette croissance-là condamne le budget, à supposer que les paramètres fantaisistes qui avaient été retenus pour l'établir ne l'aient pas déjà condamné par avance ! La croissance ne sera pas celle que nous attendions. Il me vient en mémoire une phrase qui a déjà été rappelée dans cet hémicycle. Notre Président de la République avait indiqué que, s'il le fallait, il irait « chercher la croissance avec les dents ».

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