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Intervention de Jean-Marc Ayrault

Réunion du 27 mars 2008 à 9h30
Débat sur la situation économique sociale et financière de la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marc Ayrault :

Mêmes certains membres de la majorité le reconnaissent. Peut-être auront-ils l'occasion de s'exprimer dans ce débat ?

Aujourd'hui, la réalité vous rattrape et vous allez devoir en assumer les conséquences devant les Français. Pour compenser la perte de recettes, 7 milliards de crédits vont être annulés, soit deux fois l'augmentation du budget de 2008. Ce sont des emplois aidés qui disparaissent, des logements qui ne se construisent pas, du soutien scolaire qui ne se fait pas, des engagements du Grenelle de l'environnement qui ne sont pas tenus. Cette froideur des chiffres, c'est de l'austérité en plus dès aujourd'hui dans la vie des Français. L'austérité de demain et pour les générations à venir, c'est l'aggravation des déficits et de la dette, avouée par le Premier ministre, avec la menace permanente d'une augmentation de la CSG, de la CRDS ou de la TVA. On nous dit que non. Mais comme l'observait dans un journal ce matin l'un de nos collègues qui n'est pas socialiste, vous en êtes déjà à la préparation du budget pour 2009.

Le premier devoir du Gouvernement est de dire la vérité, de sortir de ces discours lénifiants d'une France qui « résiste mieux » que les autres. De qui se moque-t-on ? Depuis six ans votre politique a accumulé les contre-performances en matière de croissance, de déficit, de dette, de commerce extérieur, de pouvoir d'achat, alors que tous nos partenaires connaissaient un fort mouvement d'expansion et d'équilibre des comptes publics. Nous savons également que, depuis dix mois, rien ne s'est amélioré. La vie d'une écrasante majorité de Français s'est détériorée. L'inflation s'est installée. Si vous le contestez, mes chers collègues, respectez au moins le vote des Français ! S'ils se sont exprimés dans le sens que l'on sait, c'est que, pour une grande part, c'est bien ainsi qu'ils vivent les choses et qu'ils en ont assez.

Comme vous l'avez dit, monsieur Woerth, les caisses de l'État sont « plus vides que vides ». Vous êtes même allé au-delà des propos du Président de la République. Et maintenant, vous voulez nous faire croire que tout cela c'est la faute à la crise internationale, la faute à pas de chance. Non monsieur le ministre, la crise boursière n'est pas la cause de vos erreurs. Elle en est le révélateur et peut-être hélas ! l'accélérateur. Alors maintenant, il n'y a qu'une seule question qui vaille : comment en sortir ?

J'ai entendu depuis dix jours le Président de la République et le Premier ministre répéter qu'il n'y aurait « ni plan d'austérité ni relâchement des réformes ». Mais de quel pays parlent-ils ? L'austérité, les Français la vivent depuis des mois. Dans la flambée des prix et des loyers, dans la stagnation des salaires, dans la désindexation des retraites et des prestations sociales, dans les franchises médicales, dans la précarité des emplois créés.

La question n'est donc plus de se demander s'il y aura un plan d'austérité. Nous sommes en plein dedans. Elle est de savoir comment redonner du dynamisme et de la justice à l'économie française au moment où tous les vents sont contraires. En clair, c'est tout le contrat présidentiel qu'il faut revisiter. Dogmatique et truffé d'erreurs, il me rappelle la célèbre formule d'Albert Einstein : « la théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. »

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