Quant au véhicule électrique, il doit pouvoir disposer, au-delà d'une autonomie suffisante, d'une recharge intelligente. De fait, le bilan d'un véhicule rechargé en période de pointe avec une électricité fabriquée à partir de charbon ne serait guère meilleur que celui d'un véhicule thermique. En revanche, le bilan serait meilleur pour des véhicules disposant d'une recharge intelligente ; je pense en particulier aux véhicules de transport urbain, qui pourraient être rechargés la nuit avec une électricité décarbonée – en France, l'électricité produite la nuit est totalement décarbonée. Cela est moins vrai pour l'Allemagne, et encore moins pour la Chine, qui souhaite développer le véhicule électrique moins pour des raisons environnementales que pour s'affranchir de sa dépendance en carburants fossiles – sachant que l'électricité produite en Chine provient en partie du charbon, cela minimise l'impact en termes d'émission de CO2.
Le véhicule hybride permet également de diminuer la consommation. Nous sommes donc favorables au développement du véhicule électrique, pour autant que la recharge soit intelligente. Il ne doit donc pas s'agir d'une recharge « flash », très rapide, qui est consommatrice de capacités de production et se traduit généralement par un recours à la capacité marginale de production, laquelle correspond à une électricité carbonée.
Sur les projets que l'ADEME aurait en Chine avec l'AFD, je ne suis pas en mesure de vous répondre. L'ADEME a, il est vrai, une politique internationale et est très sollicitée à l'échelle mondiale sur les questions d'efficacité énergétique. Nous venons ainsi de signer un accord pour la création d'un centre franco-russe dans ce domaine. L'ADEME gère par ailleurs pour le compte du G20 l'initiative de l'International Partnership for Energy Efficiency Cooperation (IPEEC). En Chine, la coopération s'est concentrée sur les technologies d'isolation des bâtiments, mais, je le répète, je ne dispose pas des éléments qui me permettraient de vous répondre.
Lorsque j'ai pris mes fonctions, je me suis efforcé de recentrer les actions de coopération. Dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée, nous avons un partenariat traditionnel avec les pays de la région dans les domaines des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. Une autre action, dirigée vers l'Afrique, vise à accompagner les pays les plus pauvres vers l'accès à l'énergie, si possible renouvelable.
Compte tenu des moyens limités de l'ADEME, les activités destinées aux autres pays sont menées conjointement avec l'AFD ou avec des entreprises. À la demande de l'AFD, nous sommes présents en Inde dans le domaine de l'efficacité énergétique, et en Chine pour l'amélioration des bâtiments.
Le montant total de l'aide internationale apportée par l'ADEME est de l'ordre de 2 ou 2,5 millions d'euros. Cette aide est consacrée aussi bien à des projets divers qu'à des partenariats avec des agences comparables ; l'ADEME est du reste coprésidente, avec son homologue du Maroc, de l'Association méditerranéenne des agences nationales de maîtrise de l'énergie (MEDENER). Si ces activités ne mobilisent pas des sommes importantes, elles sont en revanche consommatrices de temps, et les 25 à 30 personnes affectées à l'international ne sont pas pour l'ADEME un effectif négligeable.
Le stockage de l'énergie est un enjeu très important, que nous avons voulu soutenir dans le cadre des investissements d'avenir. Nous lancerons au premier ou au deuxième trimestre de 2011 un appel à manifestations d'intérêt pour toutes les technologies de stockage. Il peut s'agir, au-delà des batteries, du stockage cinétique, du stockage de chaleur dans le sol en été en vue d'une récupération en hiver, ou de la remontée d'eau en vue de la production d'énergie par les barrages – ce que font les Suisses tous les soirs.
La pile à combustible est une technologie assez fiable pour de la « production immobile » permettant un stockage facile – notamment dans les bâtiments, pour lesquels elle est utilisée dans plusieurs pays. Cela étant, l'analyse de l'ADEME est prudente pour ce qui concerne les technologies embarquées. Des recherches ont été engagées en la matière, notamment par Renault avec le « range extender » qui permet de recharger des batteries. Cette technologie n'est pas encore tout à fait mûre pour les transports, notamment à cause du poids de ces systèmes. Sur ce point aussi, l'investissement d'avenir permettra d'élargir les possibilités de recherche technologique.
Le fonds chaleur représente environ 260 millions d'euros par an, destinés au financement de projets. Pour l'heure, au fil de la montée en puissance, les objectifs du Grenelle quant au nombre de tonnes équivalent pétrole de rejets de C02évités sont tenus, sachant que la chaleur renouvelable représente un quart des quantités fixées par le Grenelle, avec 5 millions de mégawatts sur 20 millions.
L'ADEME a procédé à l'analyse du cycle de vie des différents biocarburants. Pour tous, à l'exception probable d'un seul élaboré par un pétrolier, le bilan carbone est positif au regard des normes européennes de réduction de 35 % et de 50 % des émissions. Le seul défaut de ce calcul tient à la difficulté d'intégrer le changement d'usage des sols. En Europe comme en France, la récupération des friches prévue par la politique agricole commune évite que ces changements produisent des impacts majeurs, mais les biocarburants produits ailleurs dans le monde suscitent quelques interrogations. En effet, si l'éthanol produit à partir de la canne à sucre présente le meilleur bilan de gaz à effet de serre, il est très difficile de mesurer la déforestation à laquelle sa production a donné lieu. En effet, le fait que, comme l'affirme le Brésil, la production de biocarburants n'ait pas provoqué de déforestation directe parce que les parcelles employées étaient inutilisables pour d'autres cultures ne signifie pas qu'il n'y a ait pas eu de déforestation indirecte, liée à d'autres types d'agriculture.
Pour ce qui concerne la France, il faut souligner que, parallèlement au bilan carbone positif des biocarburants, la couverture forestière ne donne pas d'inquiétude et a même augmenté. Ces questions sont toutefois complexes, car le seul fait de retourner la terre en la labourant produit déjà du carbone. C'est pourquoi nous avons commencé un travail avec l'INRA pour savoir quel est l'impact réel du changement d'utilisation des sols.
Reste à savoir si cette énergie est durable. Selon moi, l'agriculture a davantage vocation à nourrir la planète – et pour moi, ce serait une bonne chose – …