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Intervention de Rémy Pflimlin président-directeur général de France Télévisions

Réunion du 14 décembre 2010 à 17h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Rémy Pflimlin président-directeur général de France Télévisions :

Je suis heureux de vous présenter aujourd'hui le rapport d'exécution du contrat d'objectifs et de moyens de France Télévisions. Je suis accompagné de Mme Emmanuelle Guilbart, directrice générale déléguée aux programmes et chargée de France 4, et de MM. François Guilbeau, directeur délégué chargé de France 3, Martin Ajdari, directeur général délégué à la gestion, aux finances et aux moyens, Patrice Papet, directeur général délégué à l'organisation, au dialogue social et aux ressources humaines, Claude Esclatine, directeur délégué chargé du pôle rassemblant France Ô et le réseau outre-mer, Bruno Patino, directeur général délégué chargé du pôle stratégie, média global et développement numérique ainsi que de France 5, et Claude-Yves Robin, directeur délégué chargé de France 2.

L'actuel contrat d'objectifs et de moyens a fait l'objet d'un avenant et, le 4 janvier 2010, la création de l'entreprise commune a quelque peu changé la donne ; c'est ce dont je vous entretiendrai particulièrement.

Quelques chiffres méritent d'être cités ; ils répondront pour partie à vos questions. En 2009, 740 programmes culturels, représentant quelque 1 119 heures d'antenne, ont été diffusés en première partie de soirée, pour 365 programmes prévus dans notre contrat d'objectifs et de moyens. L'entreprise a donc largement rempli ses objectifs.

Les audiences ont été variables. Si, en première partie de soirée, celles de programmes de théâtre ont été conformes aux audiences moyennes, d'autres audiences, celles de la diffusion d'opéras par exemple, ont été beaucoup plus faibles – entre 5 % et 8 % pour une tranche horaire où nous visons plutôt une part d'audience comprise entre 10 % et 15 %. Pour autant, nous considérons que diffuser de tels programmes fait partie de notre mission, et qu'il nous faut trouver les moyens d'attirer un public plus large.

Le groupe, dont le chiffre d'affaires est de 2,8 milliards d'euros, a investi 383 millions d'euros en faveur de la création culturelle française en 2009 ; l'objectif qui lui avait été fixé était 375 millions d'euros. Un effort considérable a été conduit en faveur de la fiction et du documentaire ; je rappelle qu'en matière de fiction française, la part de France Télévisions est de 60 % environ, et de 75 % pour le documentaire français.

Là où ses concurrents se concentrent sur un nombre réduit de disciplines sportives, le football et le sport automobile en particulier, France Télévisions aura rempli son contrat d'objectifs en permettant à ses téléspectateurs de découvrir plus de 89 disciplines sportives, toute la variété des sports olympiques.

Le groupe France Télévisions s'était engagé à installer un comité permanent de la diversité. J'ai relancé ce comité dès mon arrivée en renouvelant plusieurs de ses membres et en demandant son assistance pour la réalisation de l'objectif clé qu'est le développement de la diversité sur nos chaînes.

J'avais indiqué devant vous que France Télévisions devrait mener une réflexion stratégique sur son rôle, et que cette réflexion devrait se traduire par un projet stratégique et conduire à la négociation d'un nouveau contrat d'objectifs et de moyens, le contrat actuel couvrant encore les années 2011 et 2012.

Une note d'orientation stratégique, mise à votre disposition, a été élaborée. Elle vise à nourrir un débat interne qui permette à l'entreprise de s'approprier tous les éléments du plan stratégique et de préparer dès le début de l'année 2011 le nouveau contrat d'objectifs et de moyens. Cette note rappelle d'abord les valeurs qui fondent France Télévisions, et d'abord l'indépendance et l'universalité. Aujourd'hui, nos audiences, quelles que soient les chaînes, se concentrent sur un public âgé de 50 ans ou davantage. Nous ne sommes pas assez performants pour ce qui concerne les jeunes actifs. Nous voulons nous adresser à tous, quels que soient leur âge, leur origine sociale ou leur lieu d'habitation. Cette mission est au coeur du service public.

Parvenir à ce résultat suppose que nous nous attachions à la modernité, à l'innovation et à la performance, notamment technologique. Enfin, l'indispensable confiance de nos concitoyens dans le service public, tout particulièrement en matière d'information, suppose le respect d'une troisième valeur : la fiabilité et la crédibilité de l'information. C'est par le respect de ces valeurs que l'offre et les programmes de France Télévisions pourront se distinguer de ceux des autres opérateurs.

La responsabilité de France Télévisions est triple. D'abord, nos concitoyens doivent percevoir notre offre d'information, de culture, de divertissement et d'ouverture au monde comme caractéristique du service public. Ensuite, le poids de France Télévisions dans les secteurs clés de la fiction, de l'animation et du documentaire lui confère une responsabilité particulière envers les industries de programmes et de la création. Enfin, mener à bien les missions que le législateur confie à la télévision publique doit être au coeur de nos préoccupations.

Le premier objet du programme stratégique que je propose est de construire l'entreprise commune. Notre première tâche est en effet de donner corps au cadre général défini le 4 janvier dernier. Les services supports – services informatiques, techniques, financiers, de ressources humaines – doivent recourir à des systèmes communs ; leurs équipes doivent être rapprochées. C'est un travail de longue haleine et, contrairement à ce que j'ai pu lire dans telle gazette, nous sommes en train de « tricoter », et non de « détricoter », l'entreprise unique. Nous affectons aux moyens informatiques et techniques des montants importants, par exemple pour remplacer par un seul système nos quatre systèmes de paye actuels, ou pour faire communiquer nos services techniques entre eux.

Parallèlement, nous travaillons sur l'identité des chaînes. Dans l'océan d'offres disponibles, c'est par des personnalités complémentaires et fortes qu'elles pourront s'adresser à l'ensemble des publics que constituent nos concitoyens en marquant la spécificité de l'identité du service public.

France 2 doit être une chaîne généraliste de référence, résolument contemporaine et fondée sur l'actualité. C'est grâce à l'intérêt que lui porteront les parents – les adultes actifs âgés de la quarantaine – qu'elle pourra rassembler la famille autour de ses programmes. Pour se protéger d'une évolution tendancielle qui en ferait seulement la chaîne des grands-parents, son offre de fictions, de séries et de magazines, doit s'inscrire dans le temps présent en usant d'une écriture innovante.

France 3 doit fonder son audience sur la proximité, le patrimoine, l'histoire, et rassembler nos concitoyens autour de l'appartenance à un territoire. Il lui faut rendre l'actualité et la vie régionales plus visibles grâce à des prises d'antenne plus souples et plus nombreuses. Vous avez raison, madame la présidente, nous devons donner aux antennes de France 3 les moyens de réagir plus vivement aux événements régionaux quand l'actualité le demande mais aussi d'instaurer des rendez-vous où les acteurs régionaux pourront débattre.

Chaîne de conquête des nouveaux publics, France 4 doit continuer à conforter notre implantation auprès du public âgé de 20 à 35 ans, son coeur de cible depuis son lancement. Elle a pour mission d'inventer, de recruter de nouveaux animateurs, de mettre en place de nouveaux formats et de se risquer à des projets d'émissions innovantes.

Nous conforterons le positionnement de France 5 : grâce à ses magazines, ses documentaires et ses relations fortes avec les milieux de l'Éducation nationale, c'est la chaîne du savoir, du décryptage du monde, de l'ouverture aux sciences.

Chaîne des cultures métissées, France Ô doit s'ouvrir aux cultures du monde. La proximité qu'offrent avec le Brésil et l'Amérique du Sud ses implantations aux Antilles et avec l'Océan Indien celles de La Réunion et de Polynésie doit le lui permettre, et cela doit transparaître dans ses programmes.

Outre-Mer 1ère, lancée le 30 novembre dernier, décline sur la télévision numérique terrestre (TNT) les chaînes desservant chaque département ou collectivité d'outre-mer. Ces chaînes peuvent désormais organiser leurs grilles localement mais aussi acheter des programmes correspondant aux régions dans lesquelles elles sont diffusées.

L'équipe dirigeante du groupe et l'ensemble des responsables de programmes travaillent ainsi sur l'identité de nos chaînes, la coordination et la complémentarité des chaînes étant organisées par la direction générale déléguée aux programmes. France Télévisions conserve néanmoins plusieurs unités transversales : les unités jeunesse, culture et spectacle, et sports, dont les thématiques se répartissent sur les différentes antennes sans spécificité particulière.

Fondée sur les valeurs, les responsabilités et le positionnement dits, cette organisation doit nous permettre, grâce à une grille de rentrée 2011 sensiblement rénovée, d'atteindre les objectifs qui nous sont fixés.

Nous devons aussi fournir un effort de développement considérable dans le domaine du numérique. Il ne s'agit pas de céder à un effet de mode mais de répondre à l'évolution des usages de nos concitoyens. Cette responsabilité est confiée à Bruno Patino, ici présent. Il lui appartient de faire que nos réflexions intègrent dès le départ la déclinaison numérique des programmes sur les nouveaux écrans, les réseaux sociaux ou les plates-formes que nous créons actuellement pour répondre à la révolution que constituent les télévisions connectées, c'est-à-dire les télévisions qui peuvent être directement reliées à l'Internet. Les premières télévisions connectées sont en vente. La norme ouverte que nous avons développée avec nos amis du service public télévisuel allemand doit assurer la présence de nos programmes sur toutes les télévisions connectées, quel que soit le système d'exploitation utilisé. Encore notre offre devra-t-elle, demain, être suffisamment adaptée pour répondre à ce défi ; nous devrons aussi veiller à rester maîtres de nos contenus et de la manière dont ils seront développés et présentés sur les écrans.

Pour la mise en oeuvre de nos politiques et de nos projets, l'organisation de la gestion des ressources humaines est centrale. Dans le nouveau contrat d'objectifs et de moyens, elle se traduira en projets de formation, d'organisation, et aussi de définitions différentes des métiers. Ces définitions seront développées dans le cadre de la négociation sur le statut social unifié. Vous le savez, la négociation a été interrompue par une décision de justice. Nous allons la reprendre, pour présenter dès que possible à nos collaborateurs un plan clair d'évolution des carrières et des compétences.

Le plan de départs présente en effet deux inconvénients. En premier lieu, il ne s'inscrit pas dans un schéma d'évolution des compétences et des carrières : il permet à des personnes qui ont l'âge du départ à la retraite de partir, s'ils le souhaitent, avec une allocation supplémentaire. À ce jour, 430 des 900 bénéficiaires potentiels ont opté pour cette possibilité. Le plan ne nous permet pas non plus de faire évoluer les effectifs : une grande partie des personnels qui ont choisi de partir a été remplacée. En matière d'effectifs, l'approche doit viser aujourd'hui une gestion prévisionnelle de l'emploi des compétences mais aussi s'inscrire dans la perspective de l'évolution des métiers et du mode d'organisation.

Les perspectives financières du développement de France Télévisions sont un élément-clé du contrat d'objectifs et de moyens. Les débats de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi de finances pour 2011, la nuit dernière, les éclairent. Nous attendons le vote définitif de la loi de finances pour y travailler avec vous.

Enfin, dès le 1er janvier prochain, nous mettrons en oeuvre une charte limitant le parrainage en soirée. Nous devrions ainsi pouvoir lancer nos programmes de soirée très rapidement – dès 20 h 35 – après la fin du journal télévisé, sur France 2, ou de la série sur France 3.

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