Avant de vous présenter nos propositions, je voudrais vous faire part de quelques constats en ce qui concerne l'attitude des entreprises.
Aujourd'hui, elles sont encore dans le déni, s'agissant des questions de genre. Dans les premières demandes qu'elles nous adressent, les conditions de travail des femmes ne sont jamais mentionnées. Toutefois, l'expérience montre que, lorsque notre intervention conduit dans un deuxième temps à s'intéresser à ces questions de genre, cela facilite grandement le diagnostic de problèmes d'absentéisme, de turn-over, de troubles musculo-squelettiques, de stress ou d'usure au travail.
Les entreprises mixtes ne se préoccupent d'égalité que s'il y a un risque juridique ou financier à ne pas le faire – à cet égard, la pénalité de 1 % prévue dans la loi peut contribuer à un progrès, à condition qu'il n'y ait pas contournement. Toutefois, certains indicateurs de santé, comme une augmentation de l'absentéisme plus forte pour les femmes que pour les hommes, peuvent les amener à s'intéresser à ces questions d'égalité, dans le souci de préserver une productivité mise à mal, et certaines demandes récentes adressées à notre réseau confirment cette évolution.
Soit précisément parce qu'elles emploient une majorité de femmes, soit parce qu'elles ont des grilles de rémunération fortement encadrées, qui ne comportent que de faibles écarts, les entreprises à prédominance féminine sont également aveugles aux questions de genre. Or c'est souvent là, dans les métiers du social, du soin et de l'éducation, que les risques d'usure et d'épuisement professionnel sont les plus importants.
Les entreprises à prédominance masculine, lorsqu'elles ont des projets de féminisation, les motivent à partir des qualités intrinsèques que l'on prête aux femmes : qualités d'écoute et de négociation pour des postes à responsabilité, aptitude à conduire en douceur et à gérer les conflits pour des conductrices de bus… Or de tels arguments peuvent facilement se retourner contre les femmes en cas de conjoncture économique défavorable.
D'une manière générale, les partenaires sociaux sont très réticents à aborder ces questions d'égalité qu'ils considèrent comme de la discrimination positive.