Je souhaiterais apporter une note d'optimisme car cette réunion me laisse une impression mitigée. Pourtant les temps, ainsi que les méthodes changent ; en effet, c'est une nouveauté d'avoir non pas un seul, mais plusieurs débats ouverts et sans tabous, ainsi que l'a souhaité le ministre, sur cette question des rythmes scolaires, à la fois au sein d'une Conférence nationale, et dans un cadre parlementaire. C'est ce que nous, les chercheurs, réclamions depuis trente ans. Cela change des habitudes puisque la semaine de quatre jours a été mise en place sans que l'on se préoccupe beaucoup des conséquences.
Le rapport est effectivement riche, mais j'apporterai un bémol à mon propos. On voit bien que la question est d'ordre très général et dépasse le cadre de l'aménagement du rythme de vie des enfants ; elle concerne le rôle de l'école, le rôle des parents, donc un problème de société. Mais il ne faudrait pas que la multitude de facteurs qui interviennent dans cette problématique nous conduise à perdre de vue les enfants. Et même si l'on ne peut isoler les enfants de leur environnement, nous devrons, à un moment ou à un autre, faire des choix. Or, la multiplication des instances de réflexion risque de déboucher sur des points de vue divergents. Il y a, en outre, une attente très forte, qui est légitime, de la part de la presse, ainsi que des personnes que nous avons auditionnées. Nous devrons faire des préconisations, appliquer assez rapidement les mesures qui font l'unanimité, et prendre nos responsabilités.
J'ajouterais une dernière observation sans lien avec les précédentes, concernant le sommeil. La relation n'est pas tant entre sommeil et réussite qu'entre manque de sommeil et échec. De nombreux enfants manquent de sommeil en raison d'aménagements de leur temps ou de conditions familiales inadaptées à une hygiène de vie ; cela a pour conséquence une désynchronisation de la rythmicité, s'accompagnant de performances d'attention et de vigilance très faibles, et par voie de conséquence, d'apprentissages scolaires très lents, sources d'inégalités, comme cela a été dit.