Le vieillissement représente un enjeu de société auquel nous serions coupables de ne pas nous préparer puisque nous en connaissons les éléments. On peut donc l'anticiper. Nous savons que le nombre des plus de 75 ans va s'accroître de 40 % dans les prochaines années. Nous compterons 260 000 centenaires en 2050.
Or, notre situation pour faire face à cette évolution n'est pas très bonne. La ville est difficile à vivre pour les personnes âgées. Même si quelques commodités ont été mises en place, leurs déplacements demeurent problématiques. Quant au secteur du logement locatif, peu de mobilité existe. Des personnes ayant vécu dans de grands appartements ne veulent pas en bouger en dépit du départ de leurs enfants. De leur côté, les aidants familiaux exercent des métiers ingrats, peu payés et mal reconnus. Et les places disponibles dans les EHPAD sont de plus en plus rares. Nous avons trop peu construit, trop peu prévu. J'espère que nous parviendrons à rattraper notre retard, mais à quelle échéance ?
L'option entre maintien à domicile et hébergement en foyer ne peut faire l'objet d'une réponse dogmatique. Certaines personnes préfèrent vivre dans une ambiance collective, d'autres se sentent mieux chez elles. Chaque formule présente ses avantages et ses inconvénients. Il faut donc savoir s'adapter à la demande.
Le débat sur la gouvernance de la dépendance est à venir : famille, assurance et État devront chacun tenir un rôle, le troisième ne pouvant se désengager. Il lui revient notamment d'intervenir dans la lutte contre les maladies, telles que celle d'Alzheimer, mais aussi contre les autres, comme le cancer.
Le plus grand problème rencontré aujourd'hui par les personnes âgées provient de l'écart entre le montant de leurs retraites, souvent très modestes – 50 % se situent au-dessous de 1 000 euros par mois – et le coût des établissements, qui va de 2 200 euros pour les moins chers à 4 000 euros, sans parler des établissements de luxe. Ce décalage n'est pas acceptable. Pour y faire face, il faut recourir à l'aide des enfants, à la liquidation du patrimoine, aux assurances… Toute une vie de labeur ne saurait s'achever autrement que dans la dignité. Viendra un moment où l'État devra la garantir, d'une manière ou d'une autre.