Il est très intéressant de savoir ce qui se passe dans les autres pays, mais sans oublier de prendre en compte leur culture propre. La France n'est pas le Japon, et il faut se méfier des comparaisons. La Suède par exemple favorise le plus possible comme nous le maintien à domicile, mais empêche les personnes âgées d'entrer en établissement quand elles le souhaitent : il faut un niveau de dépendance assez avancé. Cela relativise les choses : même dans les pays qu'on cite en exemple, il n'y a jamais rien de parfait.
Par ailleurs, la proposition 8 sur le rapprochement des métiers de l'aide aux personnes âgées, aux personnes handicapées et de la petite enfance me laisse dubitative. Les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) éprouvent des difficultés à recruter du personnel. Beaucoup ont même du mal à dépenser leur forfait soins à cause de cela, car ce sont des métiers difficiles dont on s'échappe dès que possible, surtout en ville. En milieu rural en effet, il y a assez peu de possibilités de faire autre chose. Cela n'empêche pas pour autant les EHPAD, à l'image de plusieurs établissements de ma circonscription très rurale, d'assurer une progression interne de carrière et une bonne stabilité professionnelle, car ils ont compris que c'était bon pour les professionnels autant que pour les personnes âgées. Je crains donc que créer ces passerelles ne soit plus nuisible que positif. Je pense, au contraire, qu'il faut créer des métiers spécifiques à l'accueil de la personne âgée dépendante avec des parcours de valorisation internes.
Pour ce qui est du logement, on parle très souvent des problèmes d'accessibilité et des moyens qu'il faut y consacrer, mais pas assez des normes de construction, qui devraient être pensées le plus possible en amont. Plus on pense, dès le départ, à la largeur des portes et à la hauteur des boutons électriques, moins on dépense d'argent après.
Enfin, il faut que la réflexion sur la problématique de l'accueil des personnes âgées dépendantes se fasse en lien avec la recherche sur la maladie d'Alzheimer. Certains EHPAD comptent 70 ou 80 % de pensionnaires atteints de cette maladie. Qu'en sera-t-il de notre politique de construction d'établissements dans dix ou vingt ans, lorsqu'on aura trouvé des solutions peut-être pas pour guérir la maladie, mais pour en repousser l'échéance ?