Depuis 1981 et la mise en service de la première génération du train à grande vitesse, l'industrie ferroviaire a connu une modernisation sans précédent. La proposition de résolution déposée par le groupe GDR nous donne l'occasion de nous arrêter un instant sur ce grand champion de l'industrie française et d'observer plus avant la situation économique de ce secteur.
L'industrie ferroviaire française tient sa force d'un savoir-faire unique, hérité d'une longue tradition, et s'est considérablement enrichie au cours des vingt-cinq dernières années, en particulier grâce aux efforts d'équipements déployés en matière de transport de voyageurs.
Sur le marché intérieur, la demande de transport de voyageurs par le rail est en constante augmentation. Notons que l'utilisation de l'automobile par les Français a baissé de 1,4 % de 2004 à 2005 et de 2 % de 2005 à 2006. Les transports urbains connaissent enfin un véritable essor. Le transport régional de voyageurs affiche des chiffres de croissance supérieurs à 10 % dans certaines régions.
D'autres facteurs socioculturels sont favorables au rail. La prise de conscience des préoccupations écologiques et le Grenelle de l'environnement ont véritablement créé une dynamique positive autour du rail, pour les voyageurs ainsi que pour le rail-fret.
Le transport par rail profite aussi des investissements structurels réalisés par les pouvoirs publics. Nous ne pouvons que nous en réjouir. Le plan de relance de l'économie a concerné directement l'industrie ferroviaire à travers quatre chantiers très structurants, notamment en termes d'aménagement du territoire, thématique chère au groupe Nouveau Centre. Je pense, bien entendu, non seulement à la deuxième phase de la ligne à grande vitesse Est, mais aussi à la ligne Bretagne-Pays de la Loire, à Tours-Bordeaux ou au TGV Rhin-Rhône.
Pour répondre à la critique émise par le groupe GDR, ces projets ont certes été confiés aux grandes entreprises françaises du secteur, mais l'effet d'entraînement ne peut être balayé du revers de la main. Voyez, par exemple, le dynamisme du premier constructeur français de matériel fret qu'est l'ABRFI de Chateaubriant dans la circonscription de mon collègue Michel Hunault.
Le savoir-faire français, c'est bien sûr le savoir-faire des PME-PMI. C'est aussi et surtout l'innovation portée par les centres et les laboratoires de recherche des pôles de compétitivité, comme i-Trans qui travaille sur l'interopérabilité pour le secteur ferroviaire, l'intermodalité pour le transport de fret ou de voyageurs, l'intelligence des systèmes de transport et l'innovation pour le développement économique. Notons que ce samedi le premier TRAM-TRAIN de France est mis en service dans l'agglomération Mulhousienne.
Développons nos pôles d'excellence, car l'industrie ferroviaire française c'est plus de 17 000 emplois directs. Dans la région Nord-Pas-de-Calais, qui couvre près de 40 % de l'activité, plus de 10 000 personnes travaillent, dont 60 % dans les PME. En temps de crise, elles sont les premières touchées, d'où l'importance de l'action publique et de la capacité de réaction, de renouvellement, de structuration du secteur.
Je vous le concède, mes chers collègues, nous observons, depuis plusieurs années, un phénomène de délocalisation des activités de nos pays industriels vers les pays émergents. Et la crise financière que nous continuons de traverser n'a pas du tout ralenti ce phénomène. Nous sommes clairement devant une compétition internationale. Face à celle-ci il nous faut trouver les moyens de gagner.
Au groupe Nouveau Centre, nous pensons qu'une coopération franco-allemande et une intégration européenne autour de l'industrie ferroviaire sont indispensables. Face à la Chine qui investit 50 milliards d'euros par an, l'Europe doit se serrer les coudes.
Je vous le dis, il faut être réaliste et pragmatique. Nous devons continuer le développement de notre excellence dans le secteur ferroviaire à travers la création de grands groupes européens. Monsieur le ministre, portez ce grand sujet sur la scène européenne.
Une autre solution consiste à diversifier. Regardons le secteur automobile. Aujourd'hui, il est mis à mal et l'industrie ferroviaire offre des opportunités de marché intéressantes dans la construction des matériels roulants, dans l'entretien, la maintenance et l'ingénierie. C'est une piste pour les entreprises de la filière automobile. Les méthodologies sont transférables et les savoir-faire acquis au contact des constructeurs automobiles représentent des atouts pour travailler avec le ferroviaire. C'est la stratégie choisie par Otima ou Bretagne Ateliers, qui ont réussi à décrocher des marchés avec Alstom ou Bombardier.
Les métiers ne sont toutefois pas identiques, des adaptations sont donc indispensables, nous ne le nions pas. Mais le secteur ferroviaire peut être le moteur économique efficient. Son avenir, comme celui de l'ensemble de l'industrie française, c'est bien sûr l'innovation. Et au groupe Nouveau Centre, nous nous battons pour cela.