…une réflexion qui a été portée au sein du groupe UMP par Jean-François Copé, et au sein de la commission des affaires européennes, présidée par Pierre Lequiller, par mon collègue socialiste Christophe Caresche et moi-même. Nous avons présenté notre rapport intitulé « Pour un gouvernement économique européen » – titre délibérément volontariste –, dont les conclusions ont été votées à l'unanimité par la commission des affaires européennes de l'Assemblée.
Au-delà des mécanismes mis en place pour parer à l'urgence de la situation, c'est bien l'ébauche de l'Europe de demain qui a émergé. Je tiens à évoquer, à ce titre, deux idées qui me semblent illustrer ce tournant et sur lesquelles je souhaiterais avoir vos réactions, monsieur le ministre.
Nous proposons de créer un emprunt européen destiné à financer des investissements dans les projets d'intérêt commun ainsi que la mutualisation d'une partie des budgets des États nationaux pour faire émerger de grands projets dans les domaines de la recherche, de l'innovation, de l'énergie, des transports, de la défense ou encore du numérique. Cette proposition, si elle était retenue, permettrait peut-être de dépasser la querelle un peu stérile relative à l'augmentation du budget européen. Si l'heure n'est pas à une forte augmentation du budget de l'Union européenne, compte tenu des difficultés budgétaires des États membres, elle n'est pas non plus à l'abandon de tout projet à vocation communautaire.
Cette proposition permettrait peut-être également de donner corps à la stratégie UE 2020 qui, si l'on veut qu'elle ne soit pas aussi incantatoire que la stratégie de Lisbonne qui s'est soldée par un échec, doit proposer des solutions de financement pragmatiques et engageantes.
Pour rester non seulement compétitive, mais aussi attractive vis-à-vis de nos concitoyens, l'Union européenne doit se fédérer autour de grands projets, comme en ont porté jadis nos illustres prédécesseurs.
Je sais que nombre d'entre vous sont parfois dubitatifs, pour ne pas dire plus, sur les avancées qui apparaissent timorées de l'Union européenne. D'autres sont tout simplement rétifs à l'idée européenne. Mais ce que nous vivons à l'heure actuelle est pourtant un vrai tournant dont nous ne mesurons pas encore tous les effets.
Le caractère chaotique et parfois difficile des négociations entre les différents États, qui est la cause de ce scepticisme, s'explique par le fait qu'on ne change pas aussi facilement les habitudes des vieilles nations.
Nous ne sortirons de la crise que tous ensemble. Après la crise, nous avons encore plus besoin d'Europe, d'une Europe qui protège nos concitoyens.
Qu'un pays comme l'Allemagne accepte de s'engager dans un gouvernement économique européen, alors même que cette expression était proscrite dans ce pays il y a encore quelque temps, montre que la vigueur de l'idée européenne n'est pas morte et que l'Union n'est pas simplement un marché, mais qu'elle porte un projet politique plus ambitieux.