Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Henri Emmanuelli

Réunion du 25 novembre 2010 à 9h00
Commission d'enquête sur les mécanismes de spéculation affectant le fonctionnement des économies

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHenri Emmanuelli, président :

Madame la ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, je vous remercie d'avoir répondu à l'invitation de la commission d'enquête parlementaire sur les mécanismes de spéculation affectant le fonctionnement des économies. Votre audition est l'avant-dernière à laquelle nous procéderons.

Nous aimerions connaître votre point de vue sur la déconnexion entre la sphère financière et l'économie réelle. Selon le dernier rapport de la Banque des règlements internationaux, le volume négocié chaque jour sur le marché mondial des changes atteint 4 000 milliards de dollars, ce qui signifie qu'y circule en quatre jours l'équivalent de la valeur des exportations mondiales annuelles de marchandises et de services commerciaux. Le volume global des opérations de gré à gré (OTC : over the counter) en circulation dans le monde varierait entre 600 000 et 700 000 milliards de dollars, pour un PIB de 12 000 milliards.

Certains de ceux que nous avons entendus ont attiré notre attention sur la déconnexion constatée depuis 2003 entre l'augmentation des liquidités dans le monde, évaluée à 15 % par an, et la croissance, qui s'établit aux environs de 4 %. Dès lors que les liquidités n'ont plus d'application dans l'économie réelle, elles forment des bulles. Quelle est votre analyse à cet égard ?

Avez-vous le sentiment que les phénomènes spéculatifs aient aggravé les crises grecque et irlandaise ? M. Christian Noyer, que nous avons déjà interrogé, doit nous renseigner sur l'exposition des banques à la dette souveraine irlandaise, mais le chiffre de 30 milliards pour les banques françaises, contre 60 pour les banques allemandes et 55 pour les banques britanniques, est avancé. Dans ces conditions, le problème devient global : il s'agit moins de sauver l'Irlande que de nous sauver nous-mêmes.

S'agissant de l'instabilité du marché des changes et des opportunités de manoeuvres spéculatives, quelles orientations doivent présider à la remise en ordre de ce qu'on nomme encore le système monétaire international, bien qu'il s'agisse davantage d'un état de fait que d'un système organisé ? Peut-on raisonnablement espérer que la situation évolue à court terme, compte tenu de la difficulté d'intervenir dans les négociations entre le Japon, la Chine et les États-Unis ?

Que pensez-vous de la MIF, directive concernant les marchés des instruments financiers, et du projet de révision ? Ceux que nous avons auditionnés s'accordent sur le fait que cette directive européenne, prise dans les meilleures intentions, s'est révélée catastrophique, puisqu'elle a favorisé l'éclatement du marché et l'apparition de zones non régulées, devenues très opératives, qui menacent les plateformes organisées et transparentes.

En cherchant à organiser la concurrence, nous n'avons pas réussi à diminuer les coûts, et nous avons augmenté le nombre de places !

Par ailleurs, où en est votre souhait d'organiser une plateforme obligataire ?

Enfin, pensez-vous qu'il faille en finir avec le HFT (High frequency trading), ce que, en dehors des dirigeants d'Euronext – qui réalise ainsi la moitié de son chiffre d'affaires –, tous semblent prêts à admettre ? Quelle est votre position sur les CDS (Credit default swaps) « nus » et, plus généralement, sur les produits dérivés, pour le moins dangereux, qui apparentent l'activité des marchés, même celui des matières premières, à celle d'un casino ?

(Mme Christine Lagarde prête serment.)

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion