C'est ce que dit M. Bernanke, mais ce n'est pas vrai. La réalité américaine, ce sont 12 millions d'Américains en faillite à cause de leurs crédits immobiliers, devenus plus chers que leurs maisons, et 45 % des demandeurs d'emploi qui sont maintenant des chômeurs de longue durée parce que leurs qualifications ne leur permettent pas de retrouver un travail, en raison de la destruction de 50 % des emplois dans la construction et de 30 % dans l'industrie. Vous aurez beau injecter toute la liquidité que vous voudrez – et les banques américaines n'en manquent pas, avec leurs 1 000 milliards de dollars de cash –, vous n'y changerez rien. Le problème, comme chez nous, c'est l'économie réelle : inadaptation des formations aux emplois qui se créent et insolvabilité des ménages surendettés. Le remède ne réside pas dans la création monétaire, d'autant que l'argent va se placer dans les pays émergents. L'effet est nul. D'ailleurs, les Américains le reconnaissent plus ou moins. C'est une politique par défaut : l'administration ne peut plus utiliser l'arme budgétaire à cause du déficit public – 11 % du PIB – ni celle des taux – ils sont à 0,25 %. Comme elle ne veut pas ne rien faire, il ne lui reste plus que l'injection de liquidité, mais ce sera vain.
La crise n'est pas une crise de liquidité. C'est même le contraire. Les banques américaines ont 1 000 milliards de dollars en compte à la Réserve fédérale et elles ne savent déjà pas quoi en faire. À quoi bon leur en donner davantage ?