Et même plus. Il faut considérer la base monétaire, c'est-à-dire la monnaie émise par les banques centrales en contrepartie de leurs achats d'actifs, qui est échangée au sein du système bancaire, et qui correspond grosso modo à la taille de leur bilan. Avec le Quantitative Easing, on sort de ce modèle traditionnel puisque la Réserve fédérale américaine va acheter des obligations du Trésor directement sur les marchés financiers, à des fonds de pension, par exemple, qui recevront un dépôt bancaire, sous forme de masse monétaire classique. Mais en Europe ou en Asie, la banque centrale règle les banques en créditant leurs comptes dans ses propres livres, dans cette monnaie appelée tantôt monnaie banque centrale, tantôt base monétaire – dans les années soixante-dix, on parlait de high-powered money parce qu'elle permet aux banques de faire du crédit – et ces dépôts servent à ces banques à constituer leurs réserves obligatoires et à développer leurs activités de crédit. En 1994, cette base monétaire représentait 5 % du PIB mondial, aujourd'hui 22 %. Le taux de croissance annuel est donc de l'ordre de 18 ou 19 %, quand celui du PIB mondial tourne autour de 6 %. Si l'on raisonne en monétariste pur, la différence devrait correspondre au taux d'inflation. En réalité, il y a eu seulement une hausse des prix des actifs, avec formation de bulles, mais l'inflation des prix des biens ne s'est pas produite, contrairement à ce qui s'était passé dans les années vingt.