S'ils veulent les proposer au grand public, ils doivent demander une autorisation à l'AMF, mais celle-ci n'est pas nécessaire dès lors qu'ils s'adressent aux investisseurs « avisés ».
Rien n'a été inventé en matière financière durant ces dernières années ! Dans la Rome antique, il existait déjà des contrats à terme sur l'huile ou sur les grains. À la Renaissance, alors que le prêt à intérêt était interdit par le droit canonique, les banques italiennes faisaient déjà des montages financiers en éditant des bons échangeables à Londres et en jouant sur le taux de change. Il existait même des produits structurés, grâce auxquels un investisseur pouvait acheter des actions, vendre le droit aux dividendes et s'assurer de la valeur des actions, ce qui correspond exactement, dans les stratégies actuelles en matière d'options, à l'achat d'un actif avec, simultanément, la vente d'un call at the money et l'achat d'un put at the money. Les instruments n'ont guère changé : en définitive, les credit default swap (CDS) ne sont qu'un outil classique d'assurance contre un défaut.
Ce qui a changé, en revanche, ce sont deux choses. D'abord la technologie. Les intervenants sur les marchés ont cru que les modèles mathématiques leur permettaient de calculer intégralement les risques et ont donc évacué le phénomène d'incertitude. Frank Knight avait pourtant mis en évidence, dans les années 1920, la différence entre le risque et l'incertitude : alors que le premier est calculable, la seconde ne l'est jamais. Quels que soient les mécanismes de régulation que l'on mettra en place, on ne pourra pas empêcher de nouvelles crises ; en revanche, il importe d'en limiter les conséquences.
Avec la hausse des marchés, les intervenants financiers ont pris excessivement confiance en eux et ont oublié les concepts de base – même des lauréats du prix Nobel comme Merton et Scholes, conseillers de Long Term Capital Management (LTCM), ont oublié le risque de liquidité… On pensait que les Collateralized debt obligations (CDO) étaient des produits miracles, qui permettaient d'obtenir un rendement plus élevé sans prendre un risque supplémentaire. Quelle erreur !
Le progrès technologique a en outre permis la spéculation à haute fréquence, qui ne serait pas critiquable en soi, si elle ne donnait la possibilité d'utiliser une information privilégiée ; pour caricaturer, lorsqu'on sait qu'une opération va avoir lieu sur un produit, on va passer juste avant un ordre à grande vitesse et écrêter le marché.