Jean-Pierre Jouyet, qui est une personnalité que je respecte beaucoup, considère que la spéculation est utile en ce qu'elle permet de créer un marché. De fait, au cours de ma longue carrière, j'ai parfois constaté qu'il n'y avait rien de pire que l'absence de marché. J'étais à Hong Kong en 1987 lorsque, faute de moyens pour empêcher le décrochage, le président de la bourse avait décidé de fermer celle-ci. Le lundi 16 octobre, j'avais rejoint le marché à terme de Chicago. Les jeunes courtiers de la banque Indosuez, où je travaillais à l'époque, n'avaient jamais rencontré cette situation : il n'y avait que des vendeurs, personne n'achetait ! Le marché est la solution, mais encore faut-il qu'il y ait un marché. Que faire quand il n'existe pas ? Il y a, certes, des recettes boursières - franchissements de seuil, suspensions... –, mais le mécanisme des achats et des ventes est aujourd'hui totalement électronique et souvent déclenché par des algorithmes, comme on a pu le constater en mai dernier avec la réaction en chaîne du flash crash.