Nous avons toujours connu deux types de société : nos sociétés évoluées, dotées d'un pouvoir social et fiscal fort, qui s'efforcent de faire fonctionner l'ascenseur social et de ne pas laisser les gens au bord de la route ; des sociétés moins évoluées sur le plan social, dites « sociétés de proximité », où les mécanismes d'aide restent d'ordre familial.
Ce qui me frappe en tant que législateur, c'est la frustration de nos concitoyens. D'un côté, on trouve les bénéficiaires des mécanismes d'aide, qui souffrent d'être dans une situation difficile et qui s'entendent dire par des hommes et des femmes politiques dits responsables que, dans cette société très riche, on ne leur donne pas assez ; de l'autre, on trouve ceux qui, situés en haut de la pyramide sociale, se plaignent d'être ceux qui donnent le plus.
À la fin du XIXeet au début XXe siècles, la classe ouvrière regardait vers le haut et pensait : « Eux gagnent plus que nous ». Aujourd'hui, elle regarde vers le bas et se dit : « Eux ne font pas grand-chose et gagnent plus que nous grâce aux mécanismes d'aide ».