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Intervention de François de Rugy

Réunion du 24 novembre 2010 à 15h00
Déclaration de politique générale du gouvernement — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Rugy :

Les Français auraient aimé, et nous avec eux, que vous tiriez enfin les leçons de la crise. Quelles réponses nouvelles comptez-vous apporter ? Comment comptez-vous redéfinir nos modes de production et de consommation ? Comment comptez-vous développer de nouvelles activités économiques, seules à même de relever le défi de l'écologie et de l'emploi ?

Vous avez parlé de la fiscalité. Si vous avez été moins franc que Nicolas Sarkozy, qui n'avait pas hésité à annoncer la suppression pure et simple de l'impôt de solidarité sur la fortune, tout le monde a bien compris que la convergence fiscale franco-allemande n'était qu'un alibi pour baisser les impôts sur les gros patrimoines. Rien en revanche dans votre discours pour répondre à l'aspiration profonde et maintes fois exprimée des Français à la justice fiscale.

Dans le même temps, vous avez fait un terrible aveu sur les délocalisations. Vous n'avez pas hésité à déclarer qu'il faudrait plusieurs décennies pour avoir une concurrence plus équilibrée avec une puissance économique comme la Chine. Vous refusez obstinément de voir que c'est non pas la crise mais bien la dérégulation totale du commerce mondial qui a abouti à cette concurrence déloyale qui détruit inexorablement l'industrie et des millions d'emplois depuis des décennies en France.

Vous vous êtes gargarisé du rôle de la France à la tête du G20, mais vous n'avez rien dit de ce qu'était le programme de la France pour une régulation économique et financière mondiale. Vous n'avez rien dit de ce que serait la position de la France au prochain sommet sur le changement climatique. Votre triomphe contre M. Borloo, votre ancien ministre de l'écologie, vous conduit à balayer les enjeux écologiques en quelques secondes alors que l'attente des Français pour participer au changement sur ce sujet n'a jamais été aussi forte.

Dans le fond, vous vous êtes livré à un plaidoyer pro domo pour glorifier un bilan pourtant désavoué par les Français.

Même sur la réforme constitutionnelle de 2008, qui prévoyait le référendum d'initiative citoyenne, vous renvoyez à une obscure discussion avec le Conseil d'État. Permettre aux Français de reprendre la parole devrait pourtant être une priorité absolue après l'affrontement sans dialogue que vous avez conduit sur les retraites. Si votre engagement est sincère, soutenez sans hésitation notre proposition de loi organique qui sera examinée en séance le 2 décembre prochain. Ne renvoyez pas à plus tard.

Sur ce sujet comme sur d'autres aussi graves que l'endettement, par exemple, vos discours sonnent creux tellement ils sont éloignés non seulement de ce vous avez réellement fait depuis trois ans, l'explosion des déficits, l'explosion de la dette, mais aussi de la réalité vécue par les Français.

Vous l'aurez compris, monsieur le Premier ministre, comme les Français, nous sommes à mille lieues de votre discours figé dans la certitude que rien ne doit changer dans votre politique. Les députés écologistes, ainsi que les députés communistes et du Parti de gauche du groupe de la Gauche démocrate et républicaine, voteront contre cette déclaration de politique générale qui aura certes été très générale mais fort peu politique. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur plusieurs bancs du groupe SRC.)

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