Nous sommes quelques-uns ici à venir de régions où sont implantées des centrales nucléaires, et nous connaissons tous la sensibilité des populations au caractère public de ces centrales et de l'industrie nucléaire pour la production d'électricité, telle que nous la connaissons depuis un peu plus de trente ans.
Vous avez indiqué, monsieur le ministre, que la question n'était pas à l'ordre du jour, mais qu'elle se poserait peut-être plus tard et qu'il en serait discuté à ce moment-là. C'est préoccupant car, dans l'esprit de nos concitoyens, le caractère actuel de ces centrales nucléaires est établi, non pour aujourd'hui seulement, mais pour longtemps. À l'évidence commence à germer dans l'esprit d'un certain nombre de nos dirigeants, dont vous êtes, l'idée que cela pourrait changer. Raison de plus pour qu'à chaque fois que nous parlons d'électricité, cette question soit remise sur le tapis, afin de rassurer nos concitoyens quant au caractère particulier de la production d'électricité nucléaire en France.
Comme je le rappelle souvent, la Normandie compte un certain nombre de moyens de production de cette nature. On affirme que l'électricité nucléaire sera toujours la base et qu'elle servira à maintenir des prix relativement bas. Sauf que l'électricité que nous achetons vous et moi, monsieur le ministre, ne vient pas uniquement de centrales nucléaires. Si, demain, l'électricité nucléaire est banalisée, si le prix n'est plus ce qu'il était, si cette électricité nucléaire est produite par des centrales où interviennent des intérêts privés – sachant, par exemple, qu'un amendement du Sénat va imposer à ceux qui bénéficient de l'électricité nucléaire d'investir pour diminuer la facture du prolongement de la durée de vie des centrales : ce n'est pas encore l'exploitation mais c'est déjà la participation, l'investissement –, quel sera l'impact sur les populations locales ?
Il est nécessaire d'appeler, chaque fois que nous le pouvons, l'attention du Gouvernement, quel qu'il soit, sur ces questions lourdes de conséquences. Prenons garde, même si nous avons le sentiment que le nucléaire fait partie du paysage, qu'il est accepté pour toujours, que cette conviction ne bascule pas et que nous ne nous retrouvions alors en grande difficulté.