Le nouveau contrat prévoit, comme le précédent, des moyens humains constants. C'est inquiétant, dans la mesure où il annonce aussi l'ouverture de nouvelles radios locales – sans en préciser le nombre. Si l'extension du réseau est une bonne nouvelle pour le service public radiophonique, comment fera-t-on plus avec autant ? L'ouverture de nouvelles radios appauvrira les équipes locales, pour qui un poste en moins représente une énorme perte. Les salariés l'ont dit à plusieurs reprises à vos prédécesseurs, sans jamais être entendus.
L'appauvrissement des antennes locales aura des conséquences pour France Bleu, mais aussi pour France Inter et France Info, qui font appel aux journalistes de rédactions locales pour vérifier l'information et traiter des sujets de fond. France Bleu Sud-Lorraine a été confrontée récemment à ce problème, avec le départ d'un journaliste pour la locale de Toulouse ; il a fallu engager un bras de fer avec la direction parisienne pour obtenir son remplacement.
Le développement du multimédia nécessiterait également, de l'avis des journalistes et des cadres parisiens, des moyens humains supplémentaires. Comment pensez-vous en pallier le manque ?
Une brèche dans le précédent contrat d'objectifs et de moyens avait permis d'intégrer 45 journalistes supplémentaires en CDD. Il est pourtant du devoir de l'État – peu respecté ces dernières années, je vous l'accorde – de recourir le moins possible à l'emploi précaire. Est-il prévu d'utiliser à nouveau cette possibilité et, si oui, pour combien de postes ?
Vous avez évoqué le cas de deux animateurs de la matinale du Mouv' qui auraient une totale liberté : comme ils ne s'adressent qu'à 300 000 auditeurs, peut-être dérangent-ils moins que sur France Inter, où l'on vire les humoristes parce qu'ils sont impertinents ?
Traditionnellement, la programmation de Radio France, qui est un service public, n'était pas conditionnée par les sondages. M. Cavada avait commencé à introduire cette philosophie, mais vous êtes le premier président qui reconnaisse y être aussi attaché. Cela me semble pourtant incompatible avec la mission d'intérêt général du service public et le manque actuel de moyens. Pourquoi avoir changé 30 % de la grille de France Inter, alors qu'elle bénéficiait de bons taux d'audience et que les grilles doivent être changées par petites touches ?