Pour une agence bilatérale d'aide publique au développement comme l'AFD, le partenariat avec un organisme multilatéral (ONU, Banque Mondiale, etc.) est nécessaire pour résoudre les grandes crises au niveau mondial. Cependant, les atouts de l'aide bilatérale sont multiples : une véritable politique d'influence par nos actions sur des domaines innovants ; un rôle de catalyseur, de facilitateur de mise en oeuvre des décisions ; un domaine d'intervention plus étendu que dans le cas du multilatéral.
Par exemple, dans le domaine de l'agriculture, on voit que la crise agricole a peu concerné les pays ayant une politique agricole structurée. Le rôle de l'AFD est de persuader les différents ministres des finances des Etats du Sud qu'une politique agricole structurée est préférable sur le long terme, même en termes strictement financiers, à un recours à des importations ponctuelles, alors que ces responsables politiques préfèrent prendre le risque d'une crise agricole tous les 10 ans, en important alors des produits bien plus chers, que d'instaurer une véritable politique agricole qui supposera des subventions.
Je voudrais insister sur trois points. Tout d'abord la volatilité des cours est telle qu'aucun paysan n'a intérêt à prendre le risque d'augmenter ses investissements pour moderniser sa production étant donné l'absence de stabilité des prix.
Contre la tendance prônée par la Banque mondiale ou d'autres bailleurs, l'AFD a mis en place un fonds de lissage ou de stabilisation des prix, pour le blé, couplé d'un filet de sécurité, pour un pays d'Afrique de l'Ouest. C'est un exemple bilatéral qui a fonctionné et pourrait être étendu à d'autres filières, comme l'huile ou l'hévéa, sur le plan multilatéral.
Ensuite, la sécurisation foncière et l'extension nécessaire des terres cultivées pose un véritable problème de droit foncier dans les PVD comme au Mali, à Madagascar ou au Sénégal.
Enfin, il faut arrêter de mener une politique de régulation des marchés agricoles globale et envisager une approche régionale afin que le marché soit suffisamment large pour instaurer des protections douanières qui favorisent l'émergence de productions alimentaires locales.