Ces marchés sont relativement nouveaux. Les États-Unis ont toujours eu une bonne régulation, une CFTC efficiente. Le premier degré de la régulation est l'autorité de marché. Lorsqu'elle constate une situation anormale, par exemple la position d'un très gros spéculateur, elle a un moyen très facile de le ramener à l'ordre : l'augmentation du déposit. C'est ce qui s'est passé au début des années 1980 lors de la grande spéculation des frères Hunt sur l'argent. Ces derniers avaient mal évalué les stocks d'argent et ont été dépassés par tout ce qui est sorti – l'argenterie des grand-mères par exemple – mais in fine, c'est l'augmentation du déposit qui les a tués. Le second degré est la CFTC. Elle est souvent critiquée, mais le niveau de transparence du système américain est beaucoup plus élevé que ce que nous connaissons. La nomination des cinq commissaires de la CFTC passe devant le Congrès, qui épluche leur indépendance de manière extrêmement stricte. C'est tout de même autre chose que pour les commissaires européens.
En Europe, le gros des marchés à terme est britannique, c'est-à-dire est dans le laisser faire le plus total. Les squeeze – un acteur se débrouille pour mettre la main sur tout le physique disponible à une échéance et s'assoit dessus en attendant que les autres soient suffisamment étranglés pour faire monter artificiellement les prix – sont chose courante, sur le café, le cacao l'étain ou le nickel par exemple. Jamais cela ne se passerait comme ça aux États-Unis. En France, la question est relativement nouvelle. Pendant longtemps, on n'y a rien compris – on a tout de même fermé le marché à terme de Paris en 1974, le ministre de l'époque n'ayant jamais rien compris à ce qui s'y passait. Ensuite, les marchés à terme ont vivoté, sauf le MATIF (qui veut dire maintenant marché à terme international de France) qui a connu un développement extraordinaire, mais qui était contrôlé par la COB.