Les agences de notation ont un rôle comparable à celui des analystes financiers pour les entreprises. Or, les grandes entreprises internationales sont suivies par une quarantaine d'analystes de par le monde, lesquels établissent un prix qui peut s'étager de l'indice 20 à l'indice 40 : leurs avis sont tellement différents que l'on en est souvent réduit à miser sur une moyenne, en l'occurrence 30. Mais peut-être que tout le monde se trompe !
La rareté des agences de notation fait en quelque sorte leur impunité, puisqu'il n'y a personne pour les contredire. Certaines études universitaires préconisent de les rémunérer en fonction de la performance de leur notation ; mais cette proposition, habile, suppose une concurrence entre les agences, concurrence qui, à mes yeux, est mieux assurée par les experts des finances publiques ; ainsi, les ministères et commissions des finances en Europe me semblent tout aussi légitimes et compétents pour analyser les perspectives financières des États. Il est un peu décevant, je le dis avec une certaine gravité, que l'on puisse se fier davantage à une agence de notation qu'à un ministère ou à une commission des finances. Ce sujet sera, je pense, d'actualité dans les dix ans qui viennent.