Les régulateurs n'ont pas fait leur travail. La crise vient des Etats-Unis, du marché immobilier et d'une organisation bancaire qui avait profondément changé de modèle : d'un système dans lequel la banque conservait dans ses livres le crédit consenti après une enquête approfondie sur la solvabilité de l'emprunteur, et veillait à son suivi, on avait basculé dans celui de la titrisation, où plus personne n'était responsable. Il a donc été décidé d'obliger les banques à garder dans leurs livres un certain pourcentage des crédits qu'elles accordent, de façon à les inciter à être plus vigilantes. Quand tous les intervenants touchaient leur commission avant de se débarrasser des titres, on croyait que le risque avait disparu ; mais il est revenu en boomerang sur les banques, que le rapatriement de leurs mauvaises créances a souvent menées au bord de la faillite.
La crise américaine a également révélé le comportement de Freddie Mac et Fannie Mae, qui concentraient 60 % des crédits immobiliers et les titrisaient sans faire le moins du monde attention à la qualité des emprunteurs – les fameux NINJA, no income, no job or asset – que l'on aidait même à tricher pour qu'ils obtiennent leurs crédits. Il y a là une faillite de la régulation, mais aussi du système d'incitation, dont tout le monde pâtit encore. L'origine, spécifiquement américaine, vient de l'idéologie dominante aussi bien chez les Républicains que chez les Démocrates, selon laquelle l'accès à la propriété est un droit pour tout Américain.