Certes, la semaine dernière, monsieur le Premier ministre, vous avez daigné organiser ce que vous appelez « une information du Parlement ». Vous y avez même pris la parole – ce qui semblait être une concession, et je vous en remercie. Mais vous avez refusé de conclure le débat par un vote alors que rien, je dis bien rien, dans la Constitution, ne vous interdisait de le faire ! Cette désinvolture à l'égard du Parlement pourrait justifier à elle seule la motion de censure.
Mais je pense que notre motion de censure présente un autre sens : celui de la clarté. Cette motion permettra de savoir qui, au sein de cette assemblée, approuve ou désapprouve le changement dans l'engagement de nos forces en Afghanistan, qui approuve ou désapprouve le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.) Au terme de ce débat, des responsabilités auront été prises par les uns ou par les autres. Chacun, quel que soit son vote, aura à en répondre, et pas seulement pour les prochains jours, mais pour les prochaines années. Car les décisions qui sont en cause auront des prolongements sur l'utilisation et même sur la sécurité de nos soldats, et, plus largement, auront une influence considérable sur la place de la France dans le monde. (« Justement ! » sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Le vote que j'appelle en faveur de la motion de censure affirmera une conception commune de la France, fondée sur trois principes qui devraient nous réunir : la responsabilité de notre pays dans le règlement des conflits internationaux, la solidarité à l'égard de nos alliés, mais aussi, et j'y insiste, l'indépendance de nos choix, qui jusque-là avait été notre matrice commune. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)