Je m'associe à l'hommage que vous avez rendu aux fonctionnaires de police tombés dans l'exercice de leur mission, avec une pensée particulière pour Aurélie Fouquet, notre jeune policière municipale qui s'est fait massacrer par des monstres.
Le coût de la délinquance pour la société française est de 115 milliards d'euros. Si l'on ajoute les dépenses de personnel de la gendarmerie et de la justice, soit 90 milliards, on arrive à 205 milliards d'euros, c'est-à-dire plus de trois fois le budget de l'éducation nationale. La lutte contre la délinquance – plus de 4 millions de faits par an, soit un toutes les neuf secondes – doit être, pour le Gouvernement, une priorité de tous les instants.
Si une politique de répression et de dissuasion est inévitable et incontournable, elle ne peut être la seule réponse. De surcroît, la délinquance évolue : bien qu'en diminution, elle est de plus en plus juvénile et violente. C'est pourquoi nous devons lancer un plan Marshall de prévention de la délinquance juvénile, qui est souvent récidivante.
Je présenterai dans quelques jours le rapport de la mission que m'a confiée le Premier ministre, qui comportera des mesures concrètes, chiffrées et, je l'espère, pertinentes. Ce rapport est le fruit de quatre mois de travail durant lesquels j'ai auditionné plus de 350 acteurs de la prévention de la délinquance, qui vivent au quotidien, sur le terrain, dans les quartiers les plus difficiles. Ces femmes et ces hommes passent leur temps à récupérer, à réinsérer ou à reconstruire des jeunes en perdition, qui ont un passé d'échec scolaire, familial et souvent professionnel, et qui forment le terreau de cette primodélinquance en manque d'existence et de repères, avide d'en découdre avec la société, avec une violence dépassant souvent la raison.
Je partage votre volonté de voir se réorganiser et se rationaliser l'ensemble des services de sécurité intérieure, en redéfinissant leurs missions et leurs objectifs et en tenant compte de l'évolution de la délinquance. Mais ce n'est pas en augmentant les effectifs de police d'intervention qu'on réglera le problème de la délinquance : ceux qui le pensent se trompent, car ils ne connaissent ni les causes, ni la réalité du terrain. D'autres solutions existent. Donnerez-vous les moyens nécessaires à une vraie politique de prévention ?