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Intervention de Martine Faure

Réunion du 2 novembre 2010 à 21h30
Commission élargie : commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire, commission des affaires culturelles et de l'éducation, commission des affaires économiques, commission du développement durable et de l'aménagement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMartine Faure :

Malgré vos propos qui se veulent rassurants, monsieur le ministre, vous nous présentez une augmentation de vos crédits en trompe-l'oeil. Si l'on tient compte d'une inflation prévisionnelle de 1,5 % pour 2011, la hausse miraculeuse de 1,6 % est ramenée à 0,11 %.

La décision funeste de « mastériser » la formation des enseignants trouve sa traduction immédiate dans la baisse des crédits de formation à tous les étages de la maison « école ». Ce n'est pas acceptable. Pour le premier degré, la dotation passera de 500 millions en 2010 à 290 millions en 2011, et le second degré n'est pas mieux loti avec 116 millions au lieu de 221 – soit une chute de 50 % ! Les lieux de formation ne sont plus identifiés, les écoles normales ayant été remplacées par les IUFM qui, eux, ne sont pas remplacés. Nous en déduisons qu'enseigner n'est plus un métier. Vous n'avez d'ailleurs pas répondu au sénateur Jean-Claude Carle quand, lors des questions cribles, il vous a demandé très courtoisement : « Déciderait-on de placer un pilote sans expérience seul aux commandes d'un avion de ligne ? »

On ne peut pas se résigner à la politique immuable de non-compensation d'un départ sur deux à la retraite, qui va faire perdre encore 8 000 enseignants dans le primaire et 4 000 dans le secondaire. En outre, je note que, si, dans l'enseignement privé, 1 633 postes sont supprimés, la réduction, si elle devait être à proportion de la masse salariale, devrait porter sur 2 400 postes.

L'argument de la diminution du nombre d'élèves a beaucoup servi mais il est devenu caduc, une note d'information du ministère de l'éducation nationale faisant état, dans le second degré, d'une augmentation de 39 200 élèves en 2010, puis de 61 000 en 2011.

Les personnels non enseignants ne sont pas épargnés. Les emplois de vie scolaire sont directement menacés par la baisse du taux de prise en charge des contrats aidés, pénalisant ainsi les écoles, qu'elles soient situées en banlieue ou en zone rurale. Les auxiliaires de vie scolaire, indispensables à la scolarisation des jeunes handicapés en milieu ordinaire, sont maintenus mais dans la précarité, alors qu'ils répondent à des besoins réels et constants.

Les réseaux d'aide aux élèves en difficulté (RASED) sont en voie de disparition. Vous parlez, monsieur le ministre, de sédentarisation. C'est très subtil. Sans doute voulez-vous masquer la contradiction flagrante entre les suppressions de postes et vos belles déclarations sur la lutte contre l'illettrisme, sur la personnalisation du suivi des élèves… Comment peut-on avec moins d'enseignants suivre chaque élève et l'accompagner vers la réussite ?

Un mot sur le remplacement des enseignants absents. L'objectif pour 2011 est d'atteindre un taux de remplacement de 94 % dans le primaire et de 96 % dans le secondaire. En attendant le nouveau régime de recrutement et de formation des professeurs, on arrive à des situations ubuesques : pour compenser les absences des stagiaires en formation, il faudra d'autres stagiaires ; et en cas de maladie, encore des stagiaires pour remplacer les remplaçants. L'inspection générale n'exclut pas l'hypothèse d'un recrutement de vacataires au-delà de l'autorisation budgétaire. Quant au vivier de jeunes retraités, il a vocation à se réduire, et faire appel à des étudiants relève véritablement de la provocation. Enseigner, vous l'avez dit vous-même, n'est pas un job d'étudiant ou un travail d'appoint pour améliorer une pension insuffisante. C'est un métier.

J'en finis par le soutien scolaire. Dans le primaire, les deux heures annoncées sont un fiasco…

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