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Intervention de François Asensi

Réunion du 26 octobre 2010 à 17h00
Commission élargie : commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire, commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Asensi :

Notre groupe remercie les deux rapporteurs pour l'éclairage qu'ils ont donné à ces débats. Nous sommes très réservés sur ces crédits : sans remettre en question la volonté humaniste des membres du Gouvernement d'avoir une politique progressiste d'aide au développement, nous n'en voyons guère la traduction budgétaire.

L'objectif du Millénaire consistant à consacrer 0,7 % du RNB à l'aide au développement ne sera probablement pas atteint, alors qu'il pouvait l'être en 2014 ou 2015. On en est à 0,51 % pour 2010, et il semble que la France ait demandé aux autres pays européens de renoncer à cet engagement. Nous ne voterons donc pas pour ces crédits.

Nous sommes en revanche très attachés à une mesure qui peut paraître utopique : la taxation des transactions financières. À défaut de faire trembler le capitalisme sur ses bases, une taxation de 0,5 % – et non pas de 0,05 % comme l'avait proposé M. Kouchner – pourrait apporter beaucoup à l'aide internationale. Les 400 milliards de dollars qu'elle produirait annuellement permettraient d'agir pour éradiquer la faim dans le monde et lutter contre les maladies. Il ne s'agit pas d'une utopie, mais certains pays adoptent en la matière une position idéologique, au nom de la sacro-sainte liberté des changes. Nous espérons que, lors du G20, le Président de la République, comme il l'a annoncé, s'engagera fermement pour cet objectif.

L'aide internationale de la France n'est pas de nature éthique, ni même une question de repentance. La France a été longtemps une puissance coloniale et, même après la décolonisation, elle a bénéficié d'échanges peu égalitaires avec certains pays, lui permettant de disposer de matières premières dans des conditions intéressantes et d'écouler ses produits manufacturés, tandis que ces pays s'appauvrissaient.

Il s'agit aujourd'hui de solidarité, car la crise financière a pénalisé plus encore les pays pauvres. Les pays émergents, quant à eux – comme la Chine, l'Inde, le Brésil ou le Vietnam –, n'ont pas forcément besoin d'une aide internationale. Cela est particulièrement vrai de la Chine, qui est aujourd'hui le principal banquier et le principal atelier du monde.

Notre groupe ne votera pas ces crédits.

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