C'est en effet l'essence même de la spéculation.
Au mois de juillet 2008, la plupart des experts soutenaient qu'un tel prix n'était pas très élevé et qu'il grimperait jusqu'à 300 dollars le baril alors que cela était économiquement insensé ! Même eux ont donc participé au « jeu spéculatif » faute de faire preuve du discernement nécessaire ! Lorsque je disais, en tant qu'économiste, que le prix du baril devait baisser à 100 dollars – à proportion, donc, de la croissance mondiale –, j'étais considéré comme un fou ! Le plus grave, ce sont les conséquences économiques d'une telle situation. Air France ayant cru que le baril atteindrait des sommes encore plus astronomiques, a acheté à terme des barils à 150 dollars ; or, leur prix ayant ensuite chuté à 34 dollars, elle a dépensé des millions inutilement. Conclusion provisoire : les acteurs économiques les plus traditionnels spéculent. J'ajoute qu'aujourd'hui la remontée du baril à 85 dollars me semble envisageable car conforme à une croissance mondiale qui devrait être de 4 %.
Deuxième exemple : le prix du sucre a également flambé au début de l'année ; or, les récoltes ayant été moins mauvaises que prévu, les prix ont été divisés par deux…
Heureusement, l'achat de produits financiers dits optionnels permet de se prémunir contre pareilles fluctuations. Par exemple, une entreprise estimant que le prix du baril repartira à la hausse peut acheter le droit d'en acquérir au cours actuel. Si, par exemple, le prix monte jusqu'à 100 dollars alors qu'il en coûte 80, c'est ce prix qu'elle paiera ; s'il chute à 60 dollars, l'option sera abandonnée. La responsabilisation de chacun des acteurs constitue donc un enjeu fondamental même si ces produits financiers sont parfois utilisés eux-mêmes pour alimenter la spéculation.