Améliorer la transparence, c'est réduire la complexité du système, au bénéfice du régulateur certes, mais aussi du client. Hier, j'ai participé à un débat où quelqu'un soutenait que la crise avait tué l'innovation financière. Je pense au contraire que si la crise a certes provoqué un report vers des produits simples, cela ne va pas durer longtemps et que l'imagination financière va reprendre ses droits. C'est ce qu'il faut garder à l'esprit dès qu'on veut faire un peu de prospective.
Ce n'est pas parce que toute régulation peut être contournée qu'il faut rester les bras croisés. Il faut resserrer les boulons et essayer d'anticiper les contournements, de leur couper la voie. Une partie non négligeable de la titrisation, avant 2007, a été faite par les banques pour contourner les règles prudentielles, et les régulateurs, comme d'ailleurs les superviseurs, ont montré du laxisme dans ce domaine. C'est pourquoi, en dessinant le système de régulation bancaire et financière de demain, il faut garder en tête un kit de mesures complémentaires contre le contournement.
Ce qui m'inquiéterait, si le G20 était seul à décider une taxe Tobin, c'est le risque d'évasion vers les pays non coopératifs en matière fiscale, qui figurent sur les listes de l'OCDE. Je ne sais pas quel serait alors notre levier d'action, politique ou autre. Il est vrai que la démarche de l'OCDE a été assez efficace : de nombreux territoires sont sortis de la liste grise et ont signé des memorandums of understanding bilatéraux.