Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères.
Le 8 octobre dernier, le prix Nobel de la paix 2010 était attribué à Liu Xiaobo pour ses « efforts durables et non violents en faveur des droits de l'homme en Chine ». Liu Xiaobo est un intellectuel chinois de renom et une ancienne figure de proue du mouvement démocratique de Tian An Men, réprimé dans le sang en 1989. Il purge actuellement une peine scandaleuse de onze ans de prison pour « subversion du pouvoir de l'État » après avoir été l'un des auteurs de la Charte 08, un texte réclamant une Chine démocratique.
Ce prix Nobel, ainsi que la réaction caricaturale de la dictature communiste chinoise, qui a qualifié cette récompense d'« obscène », vient courageusement briser un tabou, celui de la situation des droits de l'homme dans un pays qui est la deuxième puissance mondiale.
Comme ce fut le cas, jadis, des Nobel attribués aux dissidents des Pays de l'Est, au premier rang desquels Andreï Sakharov, ce prix fera son chemin dans l'opinion publique chinoise et rendra nécessaires des changements politiques inévitables. Il jouera un rôle de justice que la diplomatie internationale ne veut pas jouer, sacrifiant les principes politiques et moraux aux intérêts financiers et économiques.
Ce prix Nobel interpelle les autorités chinoises, mais aussi nos démocraties, et en particulier la France, pays des droits de l'homme. Au-delà de la situation des dizaines de milliers de prisonniers politiques chinois, nous ne pouvons pas rester silencieux sur les conditions qui entourent la captivité du Prix Nobel de la paix et le placement en résidence surveillée de son épouse, Liu Xia.
Ma question est simple : au-delà des déclarations de principe, quelles actions concrètes la France va-t-elle engager pour que Liu Xiaobo soit libéré et puisse recevoir en mains propres à Oslo ce prix prestigieux, acquis au péril de sa liberté ? (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC, ainsi que sur plusieurs bancs du groupe SRC.)