J'approuve les remarques réalistes du rapporteur sur l'état de l'Union européenne. La construction européenne est en inadéquation avec la mondialisation. Le budget proposé fait trop de saupoudrage et ne va pas à l'essentiel. Le décalage est frappant : on veut plus d'Europe et dans le même temps on ne s'en donne pas les moyens, le budget de l'Union représentant seulement environ 1% de son PIB.
A l'origine, la construction européenne reposait sur un partage des tâches : la fixation d'objectifs au niveau communautaire, et leur mise en oeuvre au niveau des Etats membres. Pourquoi faire remonter les décisions à Bruxelles pour faire redescendre leur exécution au niveau des collectivités locales quand il s'agit de la construction d'une piscine à Biarritz ? Savez-vous que l'audio-guide de l'Abbaye d'Hautecombe est financé par l'Union européenne ?
Si le budget de l'Union est identifié en comptabilité comme un compte de tiers, c'est qu'il y a une distanciation vis-à-vis de l'Union. Ce mode d'identification comptable est l'illustration technique de la distance que la France prend à l'égard de l'Europe. Si l'Europe est un tiers, c'est que ce n'est pas nous !
Au sujet du couple franco-allemand que vous évoquiez dans votre rapport, il faut dire que, depuis 1992, l'Allemagne a joué la carte de la mondialisation en bridant sa consommation, et en améliorant sa compétitivité. L'Allemagne n'achète plus à la France d'abord parce qu'elle vieillit, ensuite parce qu'elle bride sa consommation, et enfin parce qu'elle a compris que l'Union européenne n'était pas de son intérêt. L'arrêt rendu le 30 juin 2009 par la Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe, qui est long de 74 pages, dit trois choses : qu'il n'y a pas un peuple européen, mais des peuples européens, que le Parlement européen n'est pas une instance démocratique et que l'Union européenne ne peut avoir la compétence de la compétence.
Il est clair aujourd'hui qu'il y a une inadéquation : la mondialisation transcende une construction régionale qui n'est plus d'actualité.