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Intervention de Rachid Arhab

Réunion du 12 octobre 2010 à 17h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Rachid Arhab, membre du CSA :

Je remercie les députés d'avoir posé des questions sur la radio, un média souvent oublié. La radio numérique terrestre n'est pas en panne, même si, dans ce domaine, on a voulu pousser le CSA dans une impasse. Lorsque nous avons pris en charge ce dossier il y a plus de trois ans, Alain Méar et moi, la numérisation de la radio analogique était absolument souhaitée par les plus gros opérateurs, tandis que les plus petits, au contraire, la craignaient. Or, ce front s'est renversé à l'occasion de la crise économique, qui a fortement secoué la radio l'an dernier. Aujourd'hui, les gros opérateurs réclament un moratoire de dix-huit mois sur la numérisation, alors que les petits et moyens opérateurs y sont plus favorables, pour en avoir compris les enjeux.

Un des enjeux est l'absence de places à distribuer en FM : nous en sommes à racler les fonds de tiroir pour attribuer des fréquences. L'enrichissement du paysage radiophonique passe donc obligatoirement par la numérisation. Je rappelle qu'un tiers de nos compatriotes reçoit moins de dix radios chez lui, alors que l'auditeur parisien en reçoit une cinquantaine, et l'habitant d'une grande ville, entre vingt et trente. Il existe donc une inégalité dans la réception de la radio qui ne peut pas être réparée par la modulation de fréquence.

C'est même un problème de liberté. La radio est considérée par les Français comme le média le plus crédible, loin devant la télévision, la presse écrite et Internet. Elle est écoutée en moyenne plus de trois heures par jour, chaque foyer possédant six postes de réception. C'est dire l'importance d'un secteur que l'on a tendance à sous-estimer. Or, si nous voulons que la radio ne meure pas avec ses auditeurs et intéresse à nouveau les jeunes, il faut mettre en place la radio numérique, qui présente l'avantage d'apporter de nouvelles fonctions, comparables à celles d'Internet, tout en garantissant l'anonymat de l'auditeur – à la différence de la web radio.

Une mission a été confiée par le Premier ministre à David Kessler sur la relance de la radio numérique terrestre. De son côté, le Conseil a la ferme intention de mettre tout le monde devant ses responsabilités. La loi nous oblige à numériser la radio ; depuis le mois de septembre, elle prévoit même qu'un certain nombre de postes vendus en France soient numérisés. Or, on n'en est pas là, et les fabricants, pourtant prêts à démarrer, sont dans une situation embarrassante. Bref, si panne il y a, elle n'est pas de notre fait. Nous attendons un signal fort de la part du politique : voulons-nous, oui ou non, la numérisation de la radio ?

Sur les trois zones ayant fait l'objet d'une présélection, le dilemme reste entier. Faut-il y aller sans ceux qui refusent la numérisation, au risque de mettre la radio numérique en péril, ou faut-il attendre que tout le monde soit prêt ? À titre personnel, je pense que le temps joue contre nous.

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