Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Rachid Arhab

Réunion du 12 octobre 2010 à 17h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Rachid Arhab, membre du CSA :

Le Parlement a été informé du travail effectué par le CSA sur la diversité, puisque nous remettons désormais un rapport annuel sur le sujet. Il montre que les efforts engagés depuis trois ans commencent à porter quelques fruits.

Nous avons vécu une longue période pendant laquelle les chaînes de télévision se limitaient à des déclarations d'intention. Très vite, nous nous sommes rendu compte que nous ne pourrions pas avancer sans quantifier la diversité. Comme vous le savez, notre Constitution nous interdit de comptabiliser les Français en fonction de leur origine. En revanche, on peut interroger les téléspectateurs sur leur perception. C'est donc ce que nous avons fait : nous n'avons pas mesuré la réalité de la diversité de la société française, mais son reflet par la télévision. Ce travail sociologique a été d'abord assez mal reçu par les chaînes, qui ne se reconnaissaient pas dans le miroir que nous leur tendions. Toutefois, la dernière année, et notamment depuis que le Conseil a pris une délibération demandant aux chaînes des engagements forts, celles-ci ont pris conscience de la nécessité de présenter des résultats tangibles, aussi bien à l'antenne – c'est presque le plus facile – que dans l'arrière-boutique.

En allant chercher plus en amont – notamment dans les écoles de journalistes – les raisons de ce manque de diversité, le Conseil s'est aperçu que les jeunes Français d'origine diverse avaient peu d'appétence pour les métiers de l'audiovisuel. Faute de se retrouver sur les écrans de télévision, ils ne se dirigent pas spontanément vers ces métiers.

Pour évaluer les progrès réalisés, le Conseil a institué un baromètre de la diversité. La mesure est effectuée tous les six mois selon une méthode désormais connue et acceptée par tous. Jusqu'à présent, nous n'avons donné que des résultats globaux, afin d'éviter de faire de la politique en faveur de la diversité une forme de concours de beauté mettant les chaînes en compétition. Mais nous nous demandons si nous n'allons pas désormais présenter les chiffres par chaîne, car certaines ont mieux réagi que d'autres. Il existe même des chaînes « faussement diverses », celles qui diffusent en priorité des fictions nord-américaines, et dont la diversité a peu à voir avec la société de notre pays. Nous essayons d'améliorer les choses en travaillant sur la question de la création et de la fiction, pour amener les chaînes à penser les stéréotypes différemment. Cela nécessite beaucoup de temps, mais le chantier a bien avancé.

Un autre domaine dans lequel nous obtenons des résultats est celui de l'information. Mon ancien métier m'a permis de savoir qu'il était possible d'agir assez rapidement sur la représentation de la diversité dans les journaux télévisés : il suffit de ne pas toujours interroger les mêmes « témoins du quotidien » ou les mêmes experts.

J'ai le sentiment que nous avons beaucoup défriché en trois ans. D'une manière générale, les missions sociales auxquelles Michel Boyon a fait allusion ne sont pas les plus évidentes, mais celles sur lesquelles nous commençons à obtenir de vrais résultats concrets.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion