Il est beaucoup question de l'affaire Woerth-Bettencourt – j'y reviendrai – mais je ne voudrais pas qu'elle soit l'arbre qui cache la forêt. Comme Christian Eckert l'a dit avant moi, nous avons été nombreux à dire, depuis trois ans et demi, qu'il était insupportable qu'un ministre du budget, ministre des comptes publics, occupe en même temps les fonctions de trésorier du parti majoritaire. Imaginons un seul instant comment nous réagirions si une telle situation se rencontrait dans d'autres pays. Nous ricanerions s'il s'agissait d'un pays du tiers-monde : regardez donc, dirions-nous, ces républiques bananières où le ministre du budget est aussi le trésorier du parti du président. C'est pourtant la situation que nous avons connue en France jusqu'au mois de juillet dernier.
Mais il existe bien d'autres problèmes en dehors de celui-ci. Comment est-il possible, dans notre pays, que le dirigeant d'un très grand groupe industriel, un groupe d'armement vivant des commandes de l'État, et qui contrôle des journaux – M. Dassault, disons-le, car je n'ai pas peur de citer des noms, – siège au Sénat et que son fils siège à l'Assemblée nationale ?
Pensons encore à l'affaire Tapie. Il y a d'abord la somme qu'il a obtenue – 200 millions d'euros – alors que les Français doivent faire face à la réforme des retraites et aux restrictions qui leur sont imposées, et que nous tentons de trouver dans la loi de finances, amendement après amendement, les moyens d'économiser 10 millions d'euros par-ci, 100 millions d'euros par-là.